Les retraités du quotidien La Presse réitèrent leur «entière satisfaction quant à la démarche entamée par La Presse» pour transformer son statut.

Dans un communiqué de presse officiel publié hier, le groupe de 773 retraités dit aussi avoir foi dans les «engagements publics pris par Power Corporation du Canada», qui a annoncé qu'elle conserverait la responsabilité des fonds de pension de ses anciens employés même une fois que le journal changera de mains.

«Étant donné que les régimes de retraite existants demeurent dans la structure de Power Corporation et que cette dernière s'est dite disposée à continuer de financer ces régimes sur une base de continuité des affaires, le changement de structure annoncé est même plus avantageux que le statu quo à l'égard des régimes de retraite. En ce sens, il s'agit de la meilleure solution, et de loin, pour les retraités de La Presse», écrit Yvan Berthelot, qui représente les retraités syndiqués de La Presse, dans une déclaration publique. Celle-ci est aussi signée par le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur.

Il s'y engage à ce que «tous les avantages et bénéfices que touchent aujourd'hui les retraités, sans aucune exception, soient respectés dans la future structure».

«Power Corporation en a fait un engagement formel, et nous en faisons également un engagement à notre tour. Les retraités et bénéficiaires n'ont absolument rien à craindre du changement de structure, bien au contraire», dit-il.

Sylvie Hébert, présidente des comités de retraite, explique que les rencontres qui ont eu lieu sur la question ont été «constructives».

«Nous avons eu de nombreuses réunions et discussions constructives à l'égard de ce dossier avec les parties concernées de même qu'avec leurs actuaires. Les échanges et les démarches se poursuivent de manière très positive. D'autres rencontres sont d'ailleurs prévues la semaine prochaine», ajoute-t-elle dans le communiqué conjoint.

Cette semaine, des élus ont analysé la demande de La Presse de passer aux mains d'un organisme à but non lucratif (OBNL) au cours d'une commission parlementaire spéciale à Québec. Huit intervenants, dont Power Corporation, la direction de La Presse, les représentants des employés et deux syndicats, mais aussi des membres du conseil d'administration de la Fédération professionnelle des journalistes ainsi que le directeur du Devoir, Brian Myles, et le grand patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, ont pris la parole. 

Aucun ne s'est opposé à la demande du quotidien, qui fait l'objet d'une loi privée datant de 1967 forçant le gouvernement à approuver tout changement de propriété. 

André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power Corporation, a confirmé lors de cette commission parlementaire l'intention de son entreprise de verser 50 millions à l'OBNL qui administrera La Presse. Il a aussi assuré que Power Corporation se portera garant des obligations passées du régime de retraite des employés du quotidien.

Demande de démission 

Cet après-midi, le président du syndicat des travailleurs de l'information de La Presse (STIP), le journaliste Charles Côté, a demandé publiquement la démission d'un membre du comité de retraite du journal, Maurice Jannard, qui a pris la parole dans des médias au cours des derniers jours, pour manifester son inquiétude quant au sort de la caisse de retraite et la transformation du statut du quotidien.

«Je demande sa démission parce qu'il a propagé des faussetés dans une entrevue en affirmant faussement que le fonds de pension était en surplus et en affirmant faussement que Power Corporation pourrait se servir dedans. Un membre du comité de retraite ne peut pas faire ça», indique M Côté en entrevue.

Jeudi, lors d'entrevues accordées à différents médias, dont La Presse canadienne, Maurice Jannard, a dit être inquiet de l'avenir du régime de retraite de La Presse.

Monique Prince, la présidente du comité, Travailleurs retraités de l'information de La Presse (TRIP), avait, elle aussi dans les médias, désavoué son membre, affirmant qu'il avait parlé à titre personnel seulement. Son syndicat appuie le changement de statut de La Presse, avait-elle ajouté.

À La Presse, Maurice Jannard a affirmé lors d'un entretien téléphonique qu'il ne quittera pas son poste.

«Je ne m'oppose pas au changement de statut, mais je trouve ça déplorable qu'on ait été bulldozé comme ça. J'aurais souhaité un report [de l'adoption de la loi]. On n'a pas le temps de réfléchir.»

Il a aussi déploré «le manque de connaissances» du président du STIP.

Charles Côté et Maurice Jannard ont une analyse différente de l'état de la caisse de retraite. 

M. Côté indique, chiffres à l'appui, qu'elle est déficitaire, alors que M. Jannard affirme, en se basant se les rapports annuels, qu'elle est excédentaire et que Power Corporation pourra y piger pour se rembourser. 

«Les syndicats ont évidemment de nombreuses questions sur les propositions de La Presse au sujet du régime de retraite, mais les inquiétudes soulevées par M. Jannard sont selon moi sans fondement», écrit Charles Côté dans un courriel qu'il nous a envoyé en début de soirée et qui expose les chiffres tirés du rapport annuel 2017 du régime de retraite.

«Le taux de solvabilité du régime est de 82,4% et celui-ci accuse donc un déficit de solvabilité de 89 964 000$, écrit le président du syndicat. Cette situation n'est pas anormale ni inquiétante dans un contexte de continuité des affaires.»