Les consommateurs canadiens risquent de ne pas pouvoir profiter des plus récents développements technologiques en téléphonie cellulaire si le gouvernement ne procède pas l'an prochain à une importante enchère du spectre sans fil, a prévenu lundi le chef des technologies de Telus.

Ibrahim Gedeon, qui s'exprimait dans le cadre d'un sommet annuel des télécommunications canadiennes, à Toronto, a expliqué que les fabricants de matériel et d'équipement de réseau s'efforçaient de préparer leurs produits pour les réseaux sans fil de cinquième génération d'ici 2020.

Les réseaux de cinquième génération promettent de relever la barre des services sans fil grâce à leur capacité accrue, qui permettra de transporter de grands volumes de données à des vitesses comparables à celles des lignes terrestres à haute vitesse actuelles.

M. Gedeon a notamment estimé que le principal problème pour le Canada, pour l'instant, résidait dans le fait que le gouvernement fédéral n'a toujours pas indiqué à quel moment il envisageait de procéder aux enchères pour le spectre dans la gamme de fréquences de 3,5 gigahertz.

Il a ajouté que Telus et les autres grands opérateurs de réseaux sans fil du Canada avaient demandé au ministre de l'Innovation, Navdeep Bains, de s'engager à tenir la vente aux enchères d'ici l'an prochain.

Si le gouvernement ne tient pas l'enchère de 3,5 GHz avant 2020 ou 2021, le Canada accusera un retard avec l'écosystème mondial des télécommunications, qui comprend les fabricants de téléphones intelligents et d'autres appareils, a prévenu M. Gedeon.

«Vous ne pourrez pas, en tant que Canadien, utiliser le dernier téléphone Samsung, ou le dernier LG, ou le dernier Huawei, ou même le dernier iPhone, avant 2021», a prédit M. Gedeon lors d'un entretien après son discours.

Le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique (ISDE) a précédemment indiqué qu'il présenterait cet été sa feuille de route pour les prochaines enchères du spectre.

ISDE perfectionne son plan d'enchères de spectre sans fil depuis un certain temps, mais M. Bains a déclaré en avril que les licences de spectre étaient un des outils gouvernementaux pour stimuler la concurrence, ce qui favorisait les baisses de prix et de meilleurs services.

«Et c'est vraiment la raison d'être du spectre», a déclaré le ministre Bains dans un entretien en avril.

Craintes de retard

M. Gedeon a dit espérer que M. Bains aborde la question lorsqu'il prendra la parole lors de la conférence sur les télécommunications, mercredi après-midi, parce que les opérateurs de réseau et leurs fournisseurs ont besoin de certitude pour effectuer les investissements nécessaires dans la recherche, le développement, les tests et le déploiement.

Les fabricants de téléphones intelligents et autres fournisseurs d'équipements sont sous pression pour fournir à leurs appareils les fréquences disponibles les plus avancées, car les consommateurs choisissent souvent d'acheter les modèles les plus rapides.

«Ils ne vont pas attendre», a souligné M. Gedeon.

«Nous serions le seul pays au monde, si nous avons un lancement d'ici 2020 et 2021, à ne pas avoir accès aux derniers appareils.»

Plus tôt lundi, le coorganisateur de la conférence, Mark Goldberg, a ouvert l'événement de trois jours en demandant au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de s'appuyer davantage sur les forces du marché que sur la réglementation pour déterminer les prix.

Il visait en particulier la décision du CRTC d'ordonner aux trois principaux réseaux sans fil du Canada d'offrir un service sans fil à faible coût uniquement composé de données.

«Plus de réglementation ne livrera pas des prix plus concurrentiels. Il fait laisser les fournisseurs se livrer une concurrence -- une véritable concurrence», a déclaré M. Goldberg dans son discours d'ouverture.

Le président du CRTC, Ian Scott, a indiqué aux journalistes en mars, après avoir annoncé la décision sur le service de base, que le régulateur avait tenu compte à la fois du désir des consommateurs d'obtenir de meilleurs prix et services et de la nécessité, pour les opérateurs de réseau, d'avoir un modèle d'affaires durable.

Les consommateurs et leurs groupes de défense se sont plaints que le Canada a certains des prix les plus élevés pour les services de données sans fil. Les principaux fournisseurs du pays répliquent cependant que le Canada jouit d'un des meilleurs réseaux sans fil au monde parce qu'ils ont investi des milliards de dollars dans les technologies de pointe, comme le 5G, et dans une coûteuse infrastructure de réseau.