L'agence de notation financière Fitch a maintenu à «A» la note d'endettement à long terme du Japon, mais a abaissé sa perspective d'évolution après l'annonce par le premier ministre Shinzo Abe d'un deuxième report de hausse de TVA.

La perspective, qui passe de «stable» à «négative» - ce qui signifie que l'agence pourrait dégrader la note dans un avenir proche -, reflète «une perte de confiance dans l'engagement des autorités japonaises à assainir les comptes», a expliqué Fitch dans un communiqué.

Le chef du gouvernement a décidé début juin de repousser l'augmentation de la taxe sur la consommation (de 8% à 10%) à octobre 2019. Cette mesure était censée être mise en oeuvre en avril 2017, après un premier report.

«C'était un élément important de la stratégie d'assainissement budgétaire du gouvernement», a rappelé l'agence de notation, qui s'était déjà alarmée récemment de ce nouveau délai minant, selon elle, «la crédibilité» du Japon.

Désormais Fitch prévoit que la dette, qui s'élèvera à 245% du Produit intérieur brut fin 2016, continue à grimper d'un à deux points chaque année d'ici à 2024, au lieu de plafonner à 247% en 2020 dans son précédent scénario.

L'agence, qui avait déjà abaissé la note du Japon au printemps 2015, menace de sanctionner de nouveau le pays si le gouvernement ne prend pas de mesures pour compenser l'impact de ce report ou si «la performance macroéconomique s'avère plus faible» que prévu.

Tout en défendant sa stratégie de relance, les «abenomics» lancées fin 2012, Shinzo Abe a expliqué avoir pris cette décision afin de ne pas mettre en danger la fragile reprise de la troisième économie mondiale.

L'archipel stagne depuis maintenant de longues années sur fond de déflation et de déclin démographique.

«La croissance du PIB a été bien plus faible que dans la plupart des autres économies avancées depuis l'éclatement de la bulle financière au début des années 1990», souligne Fitch.

«La politique agressive des abenomics n'a pas permis de sortir de manière probante l'économie de la déflation ni élevé le potentiel de croissance», poursuit l'agence.

La dette publique, héritage de programmes de soutien massifs lancés par les autorités après l'explosion de la bulle, est amenée à s'accroître dans les années à venir dans un archipel vieillissant, confronté à des dépenses sociales exponentielles. À la différence de celle de la Grèce, elle est, à plus de 90%, détenue par des investisseurs japonais, en particulier par la Banque du Japon (BoJ), ce qui garantit pour l'heure des taux d'intérêt bas, mais les agences de notation financière et organismes internationaux (FMI, OCDE) multiplient de longue date les mises en garde.