La Chine a vu ses exportations reculer pour le cinquième mois consécutif en novembre, tandis que ses importations enregistraient leur 13e recul mensuel d'affilée, témoignant d'une demande toujours terne et de l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale.

Les statistiques commerciales du géant asiatique, grand consommateur de matières premières et exportateur de biens manufacturés, sont scrutées de près -- la Chine restant un moteur clé de la croissance planétaire et la première puissance commerciale du globe.

Or, les chiffres de l'Administration des douanes pour novembre, publiés mardi, ne témoignaient d'aucune éclaircie.

Exprimées en dollars, les exportations du pays ont chuté de 6,8% sur un an à 197,2 milliards de dollars (pour les montants en yuans, la baisse est de 3,7% seulement, en raison de la dépréciation de la devise).

Certes, il s'agit d'un repli un peu moins marqué qu'en octobre (-6,9% sur un an). Mais c'est bien pire que la baisse de 5% que prévoyaient les analystes consultés par l'agence Bloomberg.

«De tels chiffres suggèrent que la demande mondiale reste sans éclat», sur fond de conjoncture compliquée dans les pays développés et de net affaiblissement des importations des marchés émergents, soulignait Louis Kuijs, analyste du cabinet Oxford Economics.

Par ailleurs, observait-il, les récentes dépréciations de l'euro, du yen et d'autres devises face au dollar ont encore entamé la compétitivité des exportateurs chinois, déjà mise à mal par le renchérissement des coûts du travail en Chine.

De leur côté, les importations ont plongé en novembre de 8,7% sur un an, à 143,1 milliards de dollars (exprimé en yuans, le recul est de 5,6%) --après une dégringolade de quasiment 19% enregistrée le mois précédent.

La chute des cours des matières premières au quatrième trimestre 2014 «fournit une base de comparaison défavorable», tempérait Li-Gang Liu, analyste de la banque ANZ.

Néanmoins, avertissait-il, «le recul continu des importations traduit une demande intérieure toujours très terne», et l'excédent commercial chinois reste d'ailleurs «considérable».

Celui-ci a gonflé de 2% en novembre, à 54,1 milliards de dollars. Il s'établit pour autant nettement en deçà du niveau record d'octobre, lorsqu'il s'était envolé de 35% sur un an à 61,6 milliards de dollars.

Baromètre d'une économie au ralenti

Cette année, les importations chinoises n'auront fait que s'enfoncer, enregistrant mois après mois des replis sur un an -- sauf en février, en raison d'un décalage du Nouvel An lunaire.

En dépit des mesures de relance budgétaire et des multiples assouplissements monétaires adoptés par Pékin, l'activité peine à redémarrer et la croissance du pays devrait tomber en 2015 au plus bas depuis un quart de siècle.

Faute de demande, l'industrie et le secteur manufacturier sont plombés par de lourdes surcapacités et un endettement massif ; l'immobilier continue de stagner pour cause de saturation du marché ; et les dépenses publiques ralentissent dans les infrastructures.

Des facteurs qui pèsent sur la demande de la Chine pour des matières premières comme le charbon ou les métaux de base, dont elle est le premier pays consommateur.

Certes, les volumes importés de certains métaux (cuivre) et de minerai de fer étaient en novembre en progression sensible sur un an, grâce à une base de comparaison favorable, mais cela ne reflète au mieux «qu'une stabilisation de la demande», estimait Louis Kuijs.

Sursaut possible en 2016 ?

Sur l'ensemble des onze premiers mois de l'année, les importations chinoises (en dollars) ont plongé de 15,1% et les exportations ont décliné de 3%. On est très loin de l'ambitieux objectif de Pékin d'une augmentation de 5% des échanges commerciaux en 2015.

Les autorités chinoises vantent volontiers leurs efforts pour rééquilibrer leur modèle économique vers la consommation intérieure, les services et les nouvelles technologies, au détriment de l'industrie lourde et des exportations à faible valeur ajoutée.

De l'avis général, face à la dégradation persistante du commerce extérieur, le gouvernement pourrait conforter ses mesures de soutien à l'économie, après avoir déjà assoupli le crédit et accordé des rabais fiscaux aux entreprises exportatrices.

Dans ce contexte, certains experts prédisaient un sursaut pour l'année 2016.

«La politique (chinoise) de dépenses d'investissements accrues et une plus forte croissance économique chez les partenaires de la Chine devraient donner un coup de pouce aux exportations», expliquait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.