La Grèce et ses créanciers de la zone euro se sont mis d'accord lundi sur la nouvelle série de réformes à mettre en place pour que le pays obtienne rapidement une tranche d'aide de 2 milliards d'euros (près de 3 milliards $CAN), dans le cadre du plan d'aide de 86 milliards d'euros (126 milliards $CAN) décidé cet été.

«Nous nous sommes mis d'accord sur le prochain train de mesures, qui seront mises en place, j'espère, d'ici mi-octobre pour permettre le déblocage de 2 milliards d'euros sur les 3 milliards» promis avant la fin de l'année, a annoncé lundi le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une conférence de presse à Luxembourg.

Les créanciers mèneront une évaluation du programme de réformes, qui doit commencer courant octobre. «Le calendrier précis n'est pas connu. Il y a une forte probabilité que la première évaluation (...) ne soit pas terminée à la fin du mois», comme initialement prévu, estime un responsable de la zone euro, refusant de parler de retard.

La zone euro faisait le point lundi sur la mise en oeuvre des mesures demandées à la Grèce en échange du plan d'aide alors que le Premier ministre grec Alexis Tsipras a présenté à Athènes les lignes générales de sa politique économique et sociale.

Cette réunion des ministres des Finances est la première depuis la réélection d'Alexis Tsipras en Grèce le 20 septembre. Elle signe le retour d'Euclide Tsakalotos - très apprécié de ses collègues européens - qui a été renommé ministre des Finances et hérite d'une lourde tâche.

M. Tsipras a profité de la première séance du nouveau Parlement, depuis les législatives du 20 septembre, pour aborder les mesures réclamées par les créanciers et présenter son programme pour lutter contre le chômage et la pauvreté.

«Le rétablissement de la stabilité économique et de la dette publique est l'un de nos principaux objectifs afin de sortir de la tutelle» des créanciers à l'issue du mandat de quatre ans du gouvernement, a indiqué Alexis Tsipras, premier dirigeant européen de gauche radicale, qui s'est engagé à «travailler durement» pour cela.

La récession va se poursuivre en 2016

Mais ces dernières semaines, M. Tsipras a clairement exprimé, à ses ministres, et aux députés de son parti Syriza, que la meilleure manière de s'affranchir rapidement des créanciers était de réaliser les réformes qu'ils souhaitent. Du coup, les relations entre ces derniers et Athènes sont très paisibles actuellement, après un premier gouvernement Tsipras très mouvementé de janvier à août.

Selon l'avant projet du budget grec déposé lundi au Parlement, le gouvernement prévoit la poursuite de la récession en 2016 et un recul du PIB de 1,3 % contre 2,3 % en 2015.

La reprise de l'économie n'est prévue que pour le troisième trimestre 2016. Le gouvernement s'engage en même temps à un excédent primaire budgétaire (hors service de la dette) de 0,5 % du PIB en 2016, à 894 millions d'euros (1,3 milliard $CAN), comme c'était prévu dans le plan d'aide au pays.

Au total, l'avant-projet du budget prévoit des mesures d'économie de 4,3 milliards d'euros (6,3 milliard $CAN) en 2016.

Parmi les priorités du gouvernement, négocier avec les créanciers la réduction de la dette publique, qui va passer de 177 % du PIB en 2014 à 181,8 % en 2015 et à 192,4 % en 2016.

«L'augmentation de la dette en 2016 est surtout due au besoin de recapitalisation des banques», selon l'avant projet du budget.

Une enveloppe de dix milliards a été mise à disposition fin août sur un compte séparé au Luxembourg, pour cette recapitalisation des banques grecques.

Quelque 15 milliards d'euros (22 milliards $CAN) supplémentaires sont prévus, mais ne seront disponibles que jusqu'au 15 novembre. Pour que les banques en bénéficient, la BCE doit avoir mené à bien les tests de résistance sur quatre d'entre elles et Athènes doit mettre en oeuvre une série de réformes en particulier dans le secteur financier.

D'ici fin octobre, le gouvernement doit faire adopter un rectificatif au budget 2015 comprenant de nouvelles coupes dans les retraites, une réforme de l'impôt sur le revenu et un durcissement de la fiscalité pesant sur les agriculteurs.

Il doit aller vite pour obtenir le déblocage des deux milliards, puis d'un autre milliard d'euros, en principe d'ici fin novembre, en fonction de l'avancée des réformes.

Athènes a jusqu'ici reçu 13 milliards d'euros de la zone euro depuis l'été, mais cette somme a surtout servi à rembourser la Banque centrale européenne (BCE) et un prêt-relais fourni en urgence courant juillet.