Les banques grecques ont de nouveau été éreintées mardi à la Bourse d'Athènes, confirmant leur condition de maillon faible de l'économie et d'enjeu central du renflouement de la Grèce en cours de négociation avec les créanciers du pays.

Ces négociations ont donné lieu mardi à un nouvel entretien entre le ministre des Finances Euclide Tsakalatos et les chefs de mission des créanciers UE, BCE, MES, FMI, à l'issue duquel le ministre s'est dit confiant en la finalisation du nouveau prêt sur trois ans à la Grèce d'ici le 20 août.

«Il n'a jamais été dit ni de notre part ni de leur part (les créanciers, NDLR) que le calendrier ne serait pas tenu».

Après la chute spectaculaire de l'indice lundi pour la réouverture de la Bourse, qui avait été fermée durant cinq semaines, les sociétés cotées à Athènes ont plutôt bien résisté mardi.

L'indice général (ATHEX) n'a cédé que 1,22% sur la séance alors qu'il avait fini la veille en repli de 16,23%, la plus forte chute de son histoire.

L'ATHEX a été tiré vers le bas par les banques, l'indice du secteur ayant perdu presque 30%, comme la veille.

Les quatre banques systémiques du pays ont affiché des pertes comparables: -29,65% pour Alpha Bank, -28,45% pour la Banque nationale, -30% pour la banque du Pirée, -29,70% pour Eurobank.

«Les valeurs bancaires sont celles sur lesquelles nous avons le plus de doutes. Leur reprise va dépendre de la recapitalisation des banques», a reconnu Konstantinos Botopoulos, président de la Commission grecque des marchés, lors d'une conférence de presse.

Les exclure des opérations boursières n'aurait pas été judicieux, a-t-il estimé, car «cela serait revenu à dire qu'elles n'avaient aucune valeur et à leur conférer une image encore plus mauvaise».

La Bourse avait fermé le 29 juin, parallèlement à la mise en place d'un contrôle des capitaux et à la fermeture des banques, qui ont rouvert le 20 juillet. L'urgence était alors d'empêcher l'effondrement du système bancaire à un moment où les négociations entre le gouvernement et les créanciers de la Grèce étaient dans l'impasse.

Très affaiblies après des retraits de plus de 40 milliards d'euros depuis décembre, les banques sont dans l'attente d'une recapitalisation qui est l'un des sujets de discussion avec les créanciers et était au menu du rendez-vous de mardi avec Euclide Tsakalotos.

Accord «faisable» d'ici le 20 août

Les négociations portent également sur le calendrier et le périmètre des futures privatisations, de la suppression des préretraites et la réforme du marché du travail.

Une source gouvernementale avait estimé, fin juillet, à environ dix milliards les besoins immédiats des banques du pays, également plombées par l'accumulation de créances douteuses. L'accord du 13 juillet entre la Grèce et ses partenaires européens sur le plan d'aide au pays de plus de 80 milliards d'euros a prévu de consacrer 25 milliards d'euros à cette opération.

Une évaluation de la santé des établissements grecs est attendue dès les prochaines semaines.

Le système bancaire grec, déjà recapitalisé deux fois depuis 2010 (une fois via les créanciers, une fois sur fonds privés), était encore jugé solvable à l'automne dernier par la BCE.

Interviewée mardi par la chaîne Skaï, la porte-parole du gouvernement Olga Gerovasili s'est aussi voulue optimiste quant à la possibilité de tenir les délais des négociations.

«Si les deux parties respectent les engagements du sommet du 12 juillet, nous aurons un accord le 18 (...) de notre côté, il est exclu que nous ne respections pas nos engagements alors que nous avons fait le choix de participer à une procédure difficile avec des décisions difficiles».

Elle a affirmé qu'une première phase de négociation avec les créanciers s'achevait mardi et «qu'à partir de demain (mercredi) débuterait la phase de rédaction de l'accord entre les deux parties».

Athènes a besoin d'argent pour rembourser le 20 août 3,4 milliards d'euros, intérêts compris, à la BCE.

Une source européenne avait jugé lundi «ambitieux, mais faisable» la conclusion d'un accord d'ici le 20 août qui devra être soumis au vote du Parlement grec où le gouvernement d'Alexis Tsipras n'a plus de majorité.