La «stratégie de la corde raide», utilisée par Athènes et ses créanciers publics, a accru les risques d'une nouvelle dégradation de la note du pays, estime mercredi l'agence Fitch, qui pense abaisser sa prévision de croissance pour la Grèce.

«La poursuite de cette stratégie», écrit Fitch dans une note publiée mercredi, amène «une incertitude qui amplifie le tort économique causé par une confiance en baisse».

L'agence de notation, qui classe la Grèce «B», mais a abaissé la perspective du pays de stable à négative en janvier, juste avant l'accession au pouvoir d'un gouvernement de coalition gauche radicale-droite nationaliste, a toujours comme «hypothèse de base que les raisons de trouver un accord sont suffisamment fortes». Mais «les risques d'une erreur politique d'un côté ou de l'autre ont augmenté», indique-t-elle.

Les créanciers européens d'Athènes veulent lui imposer de poursuivre le programme d'aide de l'UE, qui comprend l'obligation de continuer à mener une cure d'austérité budgétaire, difficile pour la population. Athènes demande pour sa part que lui soit versé une partie du financement prévu, sans condition attachée, pendant qu'elle prépare son propre plan de réformes.

Pour Fitch, «c'est au gouvernement grec que revient la responsabilité d'un compromis». Car, selon elle, «les créanciers officiels», UE, BCE, FMI, «seront réticents à créer un précédent, parmi les pays sous programme d'assistance», en les laissant recevoir un financement sans qu'ils donnent en échange «les garanties appropriées».

En attendant, remarque Fitch, «le dommage à la confiance» des investisseurs, des consommateurs et des clients des banques accroît les risques de recul de la croissance du pays. Et cette confiance «peut mettre du temps à revenir, même si un accord survient dans les prochains jours ou les prochaines semaines».

Fitch envisage ainsi d'abaisser de nouveau sa prévision de croissance pour la Grèce, «afin de refléter le risque d'un possible retour en récession». Déjà, Fitch avait abaissé d'un point de pourcentage, à 1,5%, sa prévision entre décembre et janvier.

La prévision officielle de croissance du gouvernement est de 2,9% en 2015. En 2014, après six ans de récession, le PIB est reparti en hausse de 0,8%.