La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi son principal taux directeur inchangé à 0,05%, son plus bas niveau historique, auquel il avait été porté début septembre, a annoncé un porte-parole.

La grande majorité des analystes ne misait sur aucune modification de ce taux, référence du coût du crédit en zone euro, qui ne peut de toute façon guère aller plus bas.

Les observateurs attendaient surtout la conférence de presse à partir de 8h30 du président de l'institution monétaire, Mario Draghi, qui doit donner davantage de détails sur de nouvelles injections de liquidités dans le système financier à partir du mois d'octobre.

Pour fluidifier le crédit en zone euro et stimuler l'économie, la BCE veut racheter à partir d'octobre des ABS - produits financiers issus de la titrisation de prêts bancaires - et des obligations sécurisées (covered bond).

Le dispositif complètera huit prêts très bon marché et de long terme (TLTRO) proposés aux banques jusqu'à juin 2016, à la condition expresse que celles-ci prêtent plus aux entreprises et ménages en Europe.

L'institution est prête à porter la taille de son bilan à son niveau de 2012, ce qui suppose un gonflement de l'ordre de 1000 milliards d'euros, rachats d'actifs et prêts confondus.

«Nous n'attendons aucun changement de politique aujourd'hui. Mario Draghi devrait garder un ton rassurant afin de maintenir au mois le degré actuel accommodant des conditions monétaires», soulignait dans une note les analystes de la banque italienne Unicredit.

Les observateurs devraient également scruter tout commentaire de M. Draghi concernant le cours de l'euro, tombé mardi sous 1,26 dollar pour la première fois en deux ans.

Le niveau élevé de la monnaie européenne face au dollar, synonyme de perte de compétitivité à l'export des entreprises européennes, était un motif d'inquiétude pour de nombreux politiques européens et certains banquiers centraux.

«Même s'il semble difficile pour le président Draghi de faire à nouveau une multitude d'annonces fortes, la déception devrait être de courte durée alors que la BCE est engagée dans une gestion plus active de son bilan et que les derniers indicateurs alimentent la perspective» d'un rachat massif d'obligations souveraines prochainement, ajoutait Rainer Guntermann, économiste de la banque allemande Commerzbank.

L'inflation en zone euro a une fois de plus ralenti en septembre, à 0,3%, très loin de l'objectif d'une hausse des prix légèrement inférieure à 2%, et un mauvais signe pour la dynamique économique de la région.