L'euro s'enfonçait face au dollar jeudi, évoluant à son plus bas niveau en plus de 22 mois, plombé par une résurgence des inquiétudes sur la santé de l'économie de la zone euro, tandis que le billet vert profitait d'espoirs d'un resserrement monétaire anticipé aux États-Unis.

Vers 5h00, la monnaie unique européenne valait 1,2725$ US, contre 1,2781$ US mercredi soir. Tôt jeudi, l'euro est tombé à 1,2697$, son niveau le plus faible depuis mi-novembre 2012.

L'euro baissait également face au yen, à 138,99 yens contre 139,37 yens mercredi soir.

Le dollar montait face à la devise japonaise, à 109,26 yens contre 109,04 yens la veille.

«La juxtaposition de l'annonce de nouveaux chiffres décevants dans la zone euro et a contrario la bonne surprise de l'indicateur immobilier aux États-Unis a sans surprise poussé l'euro sous le seuil des 1,28$ US» mercredi, expliquaient les analystes de la Banque nationale australienne.

Ainsi, «la force du dollar a été le thème continu de la séance de mercredi», notait Simon Smith, analyste chez FxPro.

Ce mouvement se continuait jeudi, portant les gains du dollar à «11 semaines consécutives, ce qui n'a pas été vu depuis le lancement des taux de changes flottants au début des années 1970», soulignait M. Smith.

Pour l'analyste, ce mouvement s'explique par un «changement de dynamique sur le marché des changes, alors que le dollar commence résolument à être vu non plus comme une monnaie de financement mais comme un actif» dans lequel investir.

L'euro restait ainsi plombé par une vague d'indicateurs décevants en zone euro, notamment en Allemagne (première économie européenne et moteur de la croissance dans la région), qui ont alimenté les spéculations sur un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) à l'issue de sa réunion jeudi prochain.

De plus, de récents commentaires du président de l'institution monétaire Mario Draghi ont été interprétés par les cambistes comme l'expression de la volonté de la Banque centrale de mettre en place de nouvelles mesures de soutien à l'économie, dont un programme de rachats d'actifs.

«La divergence de politique monétaire entre la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) devient très évidente», relevait ainsi Jameel Ahmad, analyste chez FXTM.

Alors que la BCE pourrait lancer des rachats d'actifs, «la Fed va mettre un terme à l'assouplissement quantitatif dans moins d'un mois, ce qui doit être vu comme un grand pas vers une normalisation de la politique monétaire», notait M. Ahmad.

Le billet vert continuait ainsi de son côté à reprendre de la vigueur, profitant en plus depuis mercredi de la publication aux États-Unis d'un solide indicateur dans l'immobilier.

Les investisseurs attendaient désormais la publication vendredi des chiffres définitifs du Produit intérieur brut (PIB) aux États-Unis pour le deuxième trimestre, qu'ils décortiqueront en quête d'indices sur le calendrier et l'ampleur d'une éventuelle hausse de taux d'intérêt anticipée dans le pays.

Vers 5h00, la livre britannique montait face à l'euro, à 78,07 pence pour un euro, après avoir atteint 77,90 pence, son plus haut niveau depuis fin juillet 2012. La devise britannique baissait face au dollar, à 1,6300$ US pour une livre.

La devise suisse montait légèrement face à la monnaie unique européenne, à 1,2076 franc suisse pour un euro, mais baissait face au dollar, à 0,9492 franc suisse pour un dollar, après avoir atteint 0,9515 franc suisse, son niveau le plus faible depuis mi-juillet 2013.

L'once d'or valait 1209,90$ US, contre 1217,25$ US mercredi soir. Vers 4h10, l'or a glissé jusqu'à 1206,83$ US l'once, son plus bas niveau depuis le 2 janvier 2014.