Le FMI pourrait être en train de reproduire en Ukraine les «mêmes erreurs» que celles commises avec la Grèce quand l'institution avait tardé à restructurer la dette du pays, a mis en garde le délégué brésilien auprès du Fonds.

«Le Fonds ne serait-il pas encore une fois en train d'éviter ou de repousser sans cesse la question de la restructuration de la dette? L'expérience de la Grèce et d'autres pays a démontré à quel point ce problème pouvait être crucial», a déclaré Paulo Nogueira Batista devant le conseil d'administration du FMI, selon un document obtenu mardi par l'AFP.

Le Fonds monétaire international et ses partenaires européens avaient accordé un plan d'aide massif à la Grèce en 2010 avant de devoir en consentir un nouveau deux ans plus tard en l'accompagnant de la plus grande restructuration de dette publique de l'Histoire.

Fin avril dernier, l'institution a accordé une ligne de crédit de 17 milliards de dollars à l'Ukraine mais l'escalade du conflit avec la Russie fait craindre que ce plan d'aide ne soit pas suffisant.

«Est-ce qu'il est toujours plausible de continuer à espérer que l'Ukraine ait de nouveau accès aux marchés financiers d'ici à 2014? Ou d'affirmer que la dette publique ukrainienne est soutenable à moyen terme avec une forte probabilité?», a poursuivi M. Nogueira Batista, qui représente 10 autres pays au Fonds mais s'exprimait à titre personnel.

Selon les nouvelles projections du FMI publiées mardi, la dette publique ukrainienne devrait passer de 40,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2013 à 73,4% en 2015. Celle de la Grèce avoisinait les 170% en 2012.

M. Nogueira Batista a également critiqué les «défauts» dans la conception du plan d'aide du FMI et regretté la frilosité de certains pays dans leur assistance à l'Ukraine.

«Certains pays qui ont beaucoup exprimé leur soutien à l'Ukraine ont fait relativement peu pour fournir des financements d'urgence», a déclaré M. Batista.

Critique récurrent du FMI, le délégué brésilien et les dix autres pays qu'il représente ne pèsent que 2,6% des droits de vote au sein de l'institution.