Le premier ministre canadien Stephen Harper quitte le Sommet du G20, au Mexique, avec en poche une invitation à participer aux négociations en vue d'un éventuel Partenariat transpacifique, et satisfait que les autres leaders de la planète aient entendu l'appel qu'il a lancé à l'Europe de faire ce qu'il faut pour mettre de l'ordre dans ses finances.

Le sommet de deux jours, sur la péninsule de Basse-Californie, se termine mardi avec les leaders des 20 économies les plus puissantes du monde demandant à l'Europe de mettre fin au cercle vicieux des banques endettées et des pays à court de fonds.

«Les pays du G20 membres de la zone euro prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer l'intégrité et la stabilité de cette zone, pour améliorer le fonctionnement des marchés financiers et pour rompre la boucle de rétroaction entre pays souverains et banques», affirme une ébauche de communiqué qui circule au Sommet.

M. Harper compte parmi les dirigeants qui ont le plus fortement incité l'Europe à réagir rapidement pour mettre fin à la crise budgétaire une fois pour toutes. Les appels à l'action du premier ministre ont froissé certains leaders européens, qui n'ont pas apprécié le sermon de M. Harper concernant leur santé financière. Cette frustration a éclaté au grand jour quand le leader de la Commission européenne s'en est pris à ceux qui essaient de dicter sa conduite au continent, tout en refusant d'investir dans un éventuel fonds d'urgence.

«Honnêtement, nous ne sommes pas ici pour recevoir des leçons de démocratie et de gestion d'une économie, parce que l'Union européenne est un exemple dont nous pouvons être fiers, avait lancé lundi Juan Manuel Barroso. Nous ne faisons pas fi des difficultés. Nous sommes très transparents. Je souhaiterais que tous nos partenaires soient aussi transparents concernant leurs propres problèmes. Nous sommes très transparents et nous tendons la main à nos partenaires, mais nous ne sommes certainement pas ici pour recevoir des leçons.»

Le Canada et les États-Unis ont refusé de verser plus d'argent au Fonds monétaire international, qui tente de constituer un fonds de 430 milliards en cas de difficultés économiques mondiales.

La crise budgétaire européenne a pesé lourd sur le sommet de Los Cabos. Les participants ont laissé échapper un soupir de soulagement, le week-end dernier, quand les électeurs grecs ont élu un gouvernement de droite qui compte maintenir le pays parmi ceux qui utilisent l'euro comme monnaie commune. La gauche radicale avait menacé de déchirer le plan de sauvetage imposé à la Grèce, ce qui aurait pu entraîner son expulsion de la zone euro.

Le Partenariat transpacifique

Pendant que l'Europe trônait au sommet des préoccupations à Los Cabos, en coulisses, les représentants canadiens travaillaient à débloquer un dossier coincé depuis longtemps.

Des représentants canadiens ont discuté avec leurs homologues américains jusqu'à tard dans la nuit de mardi. Le premier ministre Harper a ensuite rencontré le président Barack Obama, mardi matin, avant d'annoncer que le Canada avait été invité à participer aux négociations en vue d'un éventuel Partenariat transpacifique.

«L'ouverture de nouveaux marchés et la création de nouvelles occasions d'affaires créent des emplois, stimulent la croissance économique et la prospérité à long terme pour tous les Canadiens, a indiqué M. Harper par voie de communiqué. L'entente sur le Partenariat transpacifique sera bénéfique pour la région de l'Asie-Pacifique et offrira davantage de possibilités aux Canadiens et aux entreprises du Canada.»

L'annonce de l'invitation du Canada est survenue au lendemain de celle du Mexique, le pays-hôte du Sommet.

Neuf pays discutent actuellement de ce partenariat qui, selon plusieurs, sera plus important que l'Accord de libre-échange nord-américain. Le Canada et le Mexique rejoindront ainsi les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, le Chili, Singapour, la Malaisie, le Vietnam et Bruneï autour de la table de négociations.

La venue du Canada et du Mexique rend l'entente encore plus intéressante, puisque le bloc de 11 pays compte maintenant 658 millions d'habitants et un produit intérieur brut de 20 500 milliards.

Avec de telles occasions commerciales à portée de la main, les responsables canadiens avaient redoublé d'ardeur pour convaincre l'administration Obama d'inviter le Canada à ces pourparlers.

Les restrictions imposées par le Canada sur les produits laitiers et la volaille faisaient toutefois obstacle à sa participation. Le Canada s'est doté d'un système de gestion de l'offre qui contrôle le prix des oeufs et du lait, tout en imposant des tarifs douaniers très élevés sur les importations.

Le professeur Robert Wolfe, de l'université Queen's, estime que la participation du Canada au Partenariat transpacifique démontre que la puissance économique se déplace maintenant vers l'Asie.

«L'émergence de la Chine comme joueur de premier plan dans plusieurs secteurs de la vie mondiale - économique, diplomatique, militaire, culturel et environnemental - motive la réorientation actuelle de la stratégie commerciale du Canada», a-t-il indiqué par voie de communiqué.