L'euro reprenait sa chute face au dollar américain jeudi, au plus bas depuis l'été 2010, et dégringolait face au yen, à des niveaux de faiblesse plus vus depuis fin 2000, plombé par les craintes de voir l'Espagne avoir recours à un plan de sauvetage et la Grèce quitter la zone euro.

Vers 11h00 (heure de Montréal), l'euro valait 1,2358 dollar contre 1,2366 dollar mercredi soir. La monnaie unique est tombée jeudi matin à 1,2337 dollar, un nouveau plus bas depuis le 1er juillet 2010.

L'euro chutait lourdement face à la devise nippone, à 96,69 yens contre 97,76 yens mercredi, après être tombé à 96,51 yens, retrouvant des niveaux plus vus depuis décembre 2000, enfonçant les précédents plus bas atteints en début d'année.

Le dollar accentuait ses pertes face à la monnaie japonaise, à 78,24 yens contre 79,87 yens mercredi soir, après un plus bas à 78,21 yens, un niveau plus vu depuis mi-février.

«Le moral (des investisseurs) semble s'écrouler un peu plus de jour en jour», commentait Craig Erlam, analyste chez Alpari UK.

«L'euro reste plus que jamais sous pression dans ce climat d'incertitudes régnant sur l'Europe. La crise économique ne cesse de se détériorer en Espagne faisant craindre aux investisseurs un nouveau séisme économique alors que la situation grecque reste toujours en suspens», observaient les analystes de Saxo Banque.

Comme depuis plusieurs jours, l'euro pâtit des interrogations entourant le système financier espagnol et la capacité de Madrid à faire face seul à cette crise bancaire alors que le pays s'est engagé à rééquilibrer ses comptes publics.

Le marché se demande si l'Espagne a les moyens de recapitaliser ses banques et notamment Bankia, premier prêteur du pays affaibli par des crédits immobiliers à risque.

Le financement de ces recapitalisations risque de s'avérer ardu car les conditions de financement du pays ne cessent de se détériorer, comme le montrent les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne qui ne cessent de grimper, se rapprochant dangereusement du seuil de 7%, jugé ingérable par les investisseurs.

«Les espoirs de voir l'Espagne s'en sortir sans plan de sauvetage s'amenuisent», estimait ainsi Brenda Kelly, analyste chez CMC Markets, qui s'inquiétait par ailleurs de la capacité de l'Europe «à sauver un pays dont l'économie représente le double de celles de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande combinées».

En outre, la Grèce restait source d'inquiétude, alors que les derniers sondages pour les élections législatives du 17 juin montrent un écart resserré entre les partis pro-austérité et les anti, confirmant ainsi l'incertitude pesant sur l'issue de ce scrutin crucial pour l'avenir du pays au sein de la zone euro.

De plus, une série d'indicateurs américains décevants diffusés jeudi, notamment le ralentissement de l'activité économique dans la région de Chicago en mai, et le net repli des marchés d'actions alimentait la fuite des investisseurs vers les devises jugées les plus sûres, comme le dollar et le yen.

Vers midi, la livre britannique baissait face à l'euro, à 80,26 pence pour un euro, et baissait nettement face au dollar, à 1,5396 dollar, après être tombée à 1,5361 dollar, un plus bas depuis mi-janvier.

La devise helvétique restait stable face à l'euro, à 1,2010 franc suisse pour un euro, et se stabilisait face au billet vert, à 0,9717 franc suisse pour un dollar, après avoir atteint 0,9736 franc, un plus bas depuis mi-février 2011.

L'once d'or a terminé à 1558 dollars contre 1540 dollars mercredi.

La monnaie chinoise a fini à 6,3685 yuans pour un dollar contre 6,3580 yuans la veille.