L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a revu à la baisse ses prévisions de croissance du commerce pour 2011, s'attendant à une progression des échanges mondiaux de 5,8% contre 6,5% prévus jusqu'à présent, selon son site internet.

> Le communiqué de l'Organisation mondiale du commerce

«Les membres (de l'OMC) doivent rester vigilants. Ce n'est pas le moment de faire cavalier seul. C'est le moment de renforcer et de préserver le système commercial mondial pour qu'il continue à remplir cette fonction cruciale dans l'avenir», a déclaré le directeur général de l'organisation Pascal Lamy.

Les prévisions plus sombres de l'OMC tiennent «à ce que les échanges ont augmenté plus lentement que prévu au cours des derniers mois et que les perspectives de l'économie mondiale sont de plus en plus incertaines», explique le gendarme du commerce mondial.

Depuis la publication en avril «des premières prévisions pour 2011, les économies développées, en particulier, ont été exposées à de forts vents contraires», poursuit l'OMC, citant les «effets persistants du tremblement de terre et du tsunami au Japon, de l'impasse budgétaire prolongée aux États-Unis et de la rétrogradation de leur note, ou de la crise actuelle de la dette souveraine dans la zone euro».

En outre, les chiffres décevants de la production et de l'emploi ont entamé la confiance des entreprises et des consommateurs et ont alimenté la tourmente sur les marchés financiers, selon les économistes de l'OMC.

Compte tenu de cette détérioration de l'économie, l'OMC prévoit maintenant que les exportations mondiales de marchandises augmenteront de 5,8% en volume en 2011, soutenues par une croissance du PIB mondial réel de 2,5%.

Mais pour l'OMC, la présente révision est «plutôt mineure».

Les exportations des économies développées devraient augmenter de 3,7% (au lieu de 4,5% prévus) et leur PIB de 1,5%.

Dans le même temps, les économies en développement devraient voir leurs exportations augmenter de 8,5% (au lieu de 9,5%) et leur PIB de 5,9%.

Ces prévisions sont entourées d'une «incertitude exceptionnellement élevée», fait remarquer l'OMC, soulignant que les risques de contraction du PIB se sont clairement intensifiés au cours des derniers mois. «Et quand la production diminue, le commerce a tendance à suivre».

Pour l'OMC, la grave situation de la Grèce rend l'environnement économique «très incertain».

«L'économie est peut-être à un point d'inflexion, où la croissance pourrait reprendre si les responsables politiques trouvent une solution à la crise de la dette qui rétablisse la confiance dans le système financier», jugent les experts.

«En revanche, des décisions mal avisées», poursuivent-ils, «pourraient provoquer une plus grande instabilité», comme ce fut le cas lors de la crise qui a suivi la faillite de Lehman Brothers en 2008.

La résolution de la crise de la dette souveraine serait sans doute le meilleur moyen d'éviter une contraction plus marquée des échanges, estiment-ils.

Le directeur général de l'OMC a récemment estimé que face aux difficultés économiques actuelles le système commercial multilatéral traverse l'une de ses épreuves les plus sérieuses depuis sa création.

Les négociations sur le cycle de libéralisation des échanges de Doha, lancées il y a dix ans au Qatar, restent bloquées en raison de divergences entre pays industrialisés et pays émergents.

Vendredi, l'OMC indiquait à nouveau craindre qu'un «nouveau ralentissement de l'économie mondiale» puisse «amorcer une spirale de protectionnisme autodestructeur».