L'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a abaissé vendredi d'un cran la note de l'Irlande, une décision qui pourrait être bientôt imitée par sa rivale Fitch, tout en saluant la crédibilité des tests de résistance imposés aux secteurs bancaires.

S&P a abaissé la note de la dette à long terme de l'Irlande de «A-» à «BBB+», en raison du nouveau mécanisme de soutien à la zone euro, mais elle l'a assortie d'une perspective «stable» en saluant les tests de résistance imposés au secteur bancaire.

S&P avait dégradé mardi les notes de la Grèce et du Portugal pour les mêmes motifs: elle estime que ces pays, comme l'Irlande, devront sans doute faire appel au nouveau fonds d'aide financier européen qui sera mis en place en 2013.

Or le nouveau mécanisme «prévoit qu'une restructuration de la dette puisse être une condition préalable» à l'obtention de l'aide, ce qui «se ferait au détriment des détenteurs privés» d'obligations d'États, estime S&P.

Les pays européens, qui avaient mis en place en 2010 un Fonds européen de stabilisation financière (FESF) de 440 milliards d'euros (un euro = 1,36$ CAN), ont décidé la semaine dernière la création d'un Mécanisme permanent de stabilité (MES) de 500 milliards d'euros destiné à prendre la suite en 2013, avec des règles différentes.

S&P a en revanche assorti sa nouvelle note pour l'Irlande d'une perspective «stable» - contrairement au Portugal et à la Grèce - pour «rendre compte de la crédibilité des tests de résistance» menés sur les banques irlandaises dont les résultats ont été annoncés jeudi à Dublin.

Ces tests, conduits sur quatre établissements, ont conclu à la nécessité d'injecter 24 milliards d'euros supplémentaires pour les renflouer, ce qui porte la facture globale du sauvetage du secteur à 70 milliards. Le gouvernement a en revanche renoncé, au moins à ce stade, à mettre à contribution les détenteurs privés de dettes seniors de ces banques.

Outre la crédibilité de ces tests, S&P a aussi estimé que «l'Irlande présente des perspectives de croissance supérieures aux économies du Portugal et de la Grèce en raison de son ouverture» sur l'extérieur et de la vigueur de ses exportations.

De son côté, Fitch Ratings a annoncé le même jour avoir placé sous «surveillance négative» la note de l'Irlande (fixée dans sa propre échelle de notation à «BBB+»), ce qui veut dire qu'elle envisage de l'abaisser à court terme.

Fitch a justifié cette menace de dégradation par l'affaiblissement de l'activité économique en Irlande, qui avait été confirmée le mois dernier avec l'annonce d'une contraction de 1,6% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre 2010.

Fitch dit avoir aussi tenu compte de la recapitalisation des banques qui résultera des tests de résistance, et qui va encore gonfler le niveau d'endettement du pays: il devrait atteindre un niveau «bien plus élevé que le pic de 103% du PIB» qu'avait projeté l'agence en décembre.