L'Espagne et l'Italie ont passé jeudi avec succès un important test financier, avec des émissions d'obligations d'État réussies, contribuant à apaiser les inquiétudes des marchés après les placements, également réussis, d'obligations par la Grèce et le Portugal.

La tension sur les marchés européens, alimentée par les craintes sur la solidité financière de ces quatre pays - considérés, avec l'Irlande, comme les plus fragiles de la zone euro - s'est du coup atténuée.

En témoigne la nette détente des taux des obligations d'État observée pour ces pays jeudi.

L'Espagne a réussi, jeudi matin, à lever 2,999 milliards d'euros d'obligations à cinq ans, soit le maximum qu'il prévoyait d'emprunter, à un taux moyen (4,542%) en baisse par rapport au niveau du marché la veille au soir (4,767%).

Cette opération de refinancement de la dette espagnole «a été un succès», a estimé pour l'AFP David Schnautz, stratégiste à Commerzbank.

De son côté José Carlos Diez, économiste chef pour Intermoney a jugé que l'opération s'était «très bien déroulée» comme en témoigne la demande très élevée, nettement supérieure à celle de la dernière opération de même type, en novembre.

«Les taux obtenus restent élevés», mais tendaient à diminuer dans les heures qui ont suivi le placement, «ce qui est un excellent signal», a souligné ce spécialiste.

De même, l'opération italienne s'est bien déroulée. Rome a réussi à lever 6 milliards d'euros d'obligations d'État à cinq et à quinze ans, soit le maximum prévu.

Comme pour l'émission espagnole, le taux obtenu pour les obligations à cinq ans (3,67%) s'est affiché en baisse par rapport à celui du marché, la veille (3,846%), un autre signal de détente.

La Bourse de Madrid a salué l'opération obligataire espagnole par une hausse de près de 3%, jeudi en début d'après-midi, sous l'impulsion des valeurs bancaires, avec les deux poids lourds du secteur, Santander et BBVA en tête.

Déjà la veille, l'indice Ibex-35 des 35 valeurs vedettes avait grimpé de plus de 5% grâce au placement réussi d'obligations portugaises et après une opération grecque, également couronnée de succès, mardi.

Le regain d'optimisme des marchés a été alimenté par la possibilité d'un renforcement financier du Fonds de secours de la zone euro et d'un élargissement de son champs d'intervention.

Le président de la Commission José Manuel Barroso a exhorté mercredi les pays de l'UE à étoffer ce mécanisme mis en place au printemps 2010 à la suite de la crise grecque.

Pour Natalia Aguirre, analyste à la société de bourse Renta 4, cette série d'émissions obligataires réussies constitue «de bonnes nouvelles» compte tenu surtout de la forte demande étrangère (60% pour l'opération espagnole), ce qui prouve que les investisseurs étrangers conservent leur confiance en ces pays.

Avec ces opérations, «les craintes d'un plan de sauvetage pour le Portugal et l'Espagne s'atténuent» estime Mme Aguirre «mais elles disparaissent pas».

Les gouvernements espagnol et portugais ont multiplié les déclarations rassurantes ces derniers jours à destination des marchés.

Jeudi matin, la ministre espagnole de l'Économie Elena Salgado a assuré, sur la chaîne télévision américaine CNBC, que l'Espagne n'aurait «absolument pas» besoin d'une «assistance financière».

Quelques jours avant, elle avait déjà insisté sur le fait que le Portugal n'aurait besoin «d'aucune aide extérieure».

Madrid est conscient que de fortes turbulences financières sur le Portugal ne manqueraient pas de secouer sa propre économie, la cinquième de l'Union européenne, qui peine à se relancer après une sévère récession en 2009.