Le gouvernement socialiste espagnol a dévoilé vendredi de nouvelles mesures anti-crise, dont la privatisation partielle de ses aéroports, et fixé à janvier l'approbation de sa réforme des retraites, cédant finalement à la pression des marchés qui réclamaient des gestes forts.

«Nous avons décidé que le gouvernement approuverait (en Conseil des ministres, NDLR) la réforme du système de retraites le 28 janvier, pour son envoi au Parlement», a déclaré le numéro deux du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba, lors de la conférence de presse suivant le Conseil des ministres.

Pour éviter tout retard, la transmission du texte aux parlementaires se fera «immédiatement», a-t-il insisté.

Le gouvernement évoque depuis plus d'un an cette réforme, dans laquelle il prévoit de repousser l'âge du départ de 65 à 67 ans, dans un climat de mécontentement social grandissant face aux mesures d'austérité appliquées par l'exécutif.

La ministre de l'Économie Elena Salgado a elle aussi annoncé lors de cette conférence de presse la prochaine privatisation, jusqu'à 49%, d'Aena, l'organisme de gestion de ses aéroports, et jusqu'à 30% de sa société publique de loterie.

Le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero avait évoqué ces mesures mercredi, et Mme Salgado a indiqué jeudi qu'elles permettraient de réduire d'un tiers les besoins de financement pour 2011, de 45 à 30-31 milliards d'euros.

Autre mesure destinée à apporter des recettes supplémentaires: la hausse des prix du tabac, par l'augmentation à partir du 1er janvier des taxes que perçoit l'Etat sur les ventes, ce qui devrait apporter «780 millions d'euros» de revenus additionnels à consommation constante, a estimé Mme Salgado.

Pour stimuler la relance, l'exécutif a aussi annoncé une baisse des impôts pour les petites et moyennes entreprises à travers l'assouplissement des critères pour l'attribution du taux d'imposition réduit, une mesure qui bénéficiera à 40 000 PME.

Ces annonces surviennent après plusieurs jours de turbulences sur les marchés boursiers et obligataires pour les valeurs espagnoles, signe de défiance vis-à-vis de la solidité financière.

Elles pourraient rassurer les marchés, qui réclamaient de nouvelles mesures du gouvernement - même si ce dernier disait encore récemment s'y refuser - et plaidaient pour la mise en place de la réforme des retraites, tout comme le Fonds monétaire international (FMI).

À la Bourse, qui était en forte hausse mardi et mercredi, l'indice Ibex-35 était quasi-stable (+0,08%) vendredi matin.

Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement socialiste pourrait encore accentuer son divorce avec les syndicats: ces derniers, déjà échaudés par la réforme du marché du travail approuvée cet été, qui introduit plus de flexibilité, ont montré leur opposition frontale au fait de repousser l'âge légal de la retraite de 65 à 67 ans et prévoient de manifester les 15 et 18 décembre .

Les pilotes de ligne espagnols ainsi que le personnel des aéroports ont quant à eux annoncé jeudi des mouvements de grève qui devraient perturber le transport aérien à la fin de l'année.