La croissance économique de la zone euro a accusé un ralentissement attendu au troisième trimestre, montrant que l'Europe reste fragile alors que la situation budgétaire de certains pays, l'Irlande en tête, recommence à inquiéter.

La croissance du Produit intérieur brut (PIB) des 16 pays partageant la monnaie unique a été de 0,4%, selon une première estimation publiée vendredi par l'Office européen des statistiques Eurostat. Elle a été plus que divisée par deux par rapport au 1% du trimestre précédent.

Du coup, la croissance européenne est redevenue plus faible que celle des États-Unis (+0,5%), après l'avoir dépassée le trimestre précédent.

Cet essoufflement était largement attendu par les économistes après le bond du deuxième trimestre, sur fond de fortes disparités à l'intérieur de la zone euro.

«La brusque accélération du rythme de croissance à 1% au deuxième trimestre était clairement non pérenne» pour Chris Williamson, économiste chez Markit, qui souligne notamment que «la reprise dans la région semble incroyablement inégale».

«Une divergence marquée est évidente dans les performances des économies de la zone euro au troisième trimestre», a renchéri Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

L'Allemagne, principale économie de la zone euro, a continué à tirer l'ensemble de la région, avec une croissance de 0,7%. C'est cependant un net ralentissement par rapport au très fort rebond du deuxième trimestre (+2,3%).

Parmi les autres grandes économies de l'Union monétaire, la croissance a fléchi en France à 0,4%, contre 0,7% le trimestre précédent.

Elle a ralenti à 0,2% en Italie, tandis qu'elle a été nulle en Espagne.

Aux Pays-Bas, le PIB a même reculé de 0,1%, après une croissance de 0,9% le trimestre précédent. Un «signe inquiétant» pour Jennifer McKeown, de Capital Economics, qui estime que «c'est probablement un indicateur de ce qui va venir pour l'Allemagne».

Pour l'instant, les craintes portent surtout sur les économies les plus fragiles de la zone euro, Irlande, Grèce ou Portugal.

Parmi celles-ci, la Grèce, en proie à de graves difficultés budgétaires, a enregistré la pire performance de la zone euro: son PIB a reculé de 1,1%, un repli néanmoins moins fort que celui des trois mois précédents (-1,7%).

Au Portugal, en revanche, la croissance s'est légèrement améliorée, à 0,4%, contre 0,2% au trimestre précédent.

Pour l'Irlande, actuellement au centre de toutes les inquiétudes en raison de son déficit abyssal, les chiffres de la croissance trimestrielle n'étaient pas immédiatement disponibles.

Mais, selon Jennifer McKeown, «le ralentissement de la croissance du PIB dans la zone euro au troisième trimestre ne va pas beaucoup aider à calmer les craintes grandissantes concernant la périphérie de la région».

«Les nouvelles de la périphérie ont été un peu meilleures qu'attendu au troisième trimestre», juge de son côté Marco Valli, chez Unicredit. Mais pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande, «les défis à moyen terme restent redoutables», ajoute-t-il.

Face à ces turbulences, et aux plans de rigueur budgétaires dans un certain nombre de pays, les économistes prévoient que la croissance économique dans la zone euro continue à ralentir dans les mois qui viennent.

«Nous nous attendons à ce que la croissance de la zone euro soit assez tiède dans les mois qui viennent face à de sérieux vents contraires», dont «des mesures d'austérité budgétaires importantes» et un «ralentissement de la croissance mondiale», a indiqué Howard Archer.

Pour Marco Valli, qui table sur une croissance de 0,2% à 0,3% au quatrième trimestre, «la modération de la croissance devraient continuer à court terme», mais avec «de faibles risques» de retomber dans la récession.