La Banque des règlements internationaux (BRI) a averti lundi de risques de «rechute» de l'économie mondiale dans une nouvelle crise, si les gouvernements ne mettent pas rapidement un terme à leurs plans de soutien conjoncturels et politiques monétaires avantageuses.

«Conjugués aux vulnérabilités qui subsistent dans le système financier, les effets secondaires des soins intensifs (à l'économie mondiale) appliqués sur une période aussi longue ne sont pas sans créer des risques de rechute», a souligné la BRI dans son rapport annuel.

La banque centrale des banques centrales a insisté que «les programmes de soutien aux marchés et aux établissements ont créé une dépendance dont le système financier risque d'avoir des difficultés à s'affranchir».

Elle a également estimé que l'économie mondiale est fragilisée par les risques qui pèsent à nouveau sur les banques menacées par une crise de l'immobilier commercial qui pourrait bien provoquer de nouvelles pertes dans le secteur financier.

Au lendemain de la crise financière en 2008, les États sont venus au secours des banques avec des plans de soutien massifs. Ils ont également injecté des milliards pour relancer leurs économies touchées de plein fouet par la crise des «subprime».

Les instituts d'émission ont pour leur part réduit leurs taux directeurs, qui se situent actuellement proches de zéro, pour soutenir l'économie.

La crise de la dette qui a secoué l'Union européenne début mai n'a fait que rendre la situation budgétaire encore plus difficile.

«La stimulation budgétaire alourdit sans cesse une dette publique qui, dans plusieurs pays, suit désormais une trajectoire manifestement intenable», a ajouté l'institut d'émission.

La seule issue à cette situation est d'amorcer très rapidement le processus de sortie des plans de soutien, qui pèsent sur les budgets des États.

Si un resserrement de la politique monétaire peut encore attendre, la BRI a ainsi souligné l'«urgence» d'assainir les budgets publics, comme cela a été annoncé par plusieurs pays européens.

«Ces mesures risquent d'avoir (...) des effets négatifs sur la croissance, mais y renoncer exposerait à une perte soudaine de confiance du marché - ce qui serait bien pire», a averti l'institut de Bâle.

Le directeur général de la BRI, Jaime Caruana, a toutefois apporté de l'eau au moulin des chefs d'État et de gouvernement réunis pour un G20 ce week-end à Toronto et qui ont recommandé des mesures de relance différentes pour chaque pays.

«L'ampleur des problèmes budgétaires et la situation des systèmes bancaires variant selon les économies, il n'existe pas de remède universel», a reconnu M. Caruana devant la presse.

Réagissant également aux mesures annoncées pour réduire les déficits publics et la dette des États, le patron de la BRI a souligné qu'elles «ne sont jamais faciles à prendre», saluant «le courage des gouvernements qui se sont attelés à cette tâche».

Concernant les taux de change, M. Caruana a encore une fois fait écho au G20 en appelant à «une plus grande flexibilité» qui permettrait de «renforcer la demande intérieure dans certaines économies émergentes», une allusion à la Chine qui a promis d'assouplir le cours de change du yuan.

Pékin a fixé lundi le cours pivot de la monnaie chinoise à 6,7890 yuans contre le dollar, au plus haut depuis des années.