Au-delà de l'Espagne et du Portugal appelés à faire plus d'efforts pour assainir leurs finances, l'ensemble de l'Europe se résigne à une cure d'austérité et une surveillance budgétaire plus sévère, pour tenter de rassurer les marchés affolés par la crise de la dette.

«Le traitement doit être une politique budgétaire responsable, et la plus grande responsabilité repose évidemment sur les pays qui ont le plus contribué à l'incertitude», a souligné mardi le ministre suédois des Finances, Anders Borg, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg.

Ces pays qui «pourraient causer des problèmes au reste de l'Europe (...) devraient être ceux qui sont le plus ambitieux quand il s'agit de les résoudre», a-t-il ajouté.

Et de préciser qu'il visait «évidemment l'Espagne et le Portugal», les deux pays considérés par les économies comme les plus à risques après la Grèce.

Lundi soir, la Commission européenne et Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, avaient déjà estimé que Madrid et Lisbonne devaient faire «davantage» en matière de réformes structurelles et de consolidation budgétaire après 2011.

«S'il y a une déviation» par rapport aux engagements pris envers ses partenaires européens, à savoir ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2013 après un bond à 11,2% en 2009, «l'Espagne adoptera plus de mesures», a répondu mardi sa ministre des Finances Elena Salgado.

Mais pour l'instant «nous ne pensons à aucune mesure concrète», a-t-elle souligné, estimant que «ce qui a été mis sur la table (pour l'instant) est suffisant pour atteindre les objectifs».

Le gouvernement espagnol avait annoncé en mai, sous la pression des marchés et de ses partenaires de la zone euro, un plan d'accélération de la réduction des déficits publics de 15 milliards d'euros pour 2010-2011.

Mais ce plan provoque la grogne sociale: 2,5 millions de fonctionnaires, dont les salaires devraient baisser de 5% en moyenne, étaient appelés à arrêter le travail mardi, et ce mouvement pourrait être le prélude d'une future grève générale étendue à tous les secteurs d'activité.

Le Portugal a également accéléré ses efforts budgétaires.

Mais au-delà des pays considérés comme les plus fragiles, la cure d'austérité s'étend peu à peu à toute la zone euro.

«Le besoin de progresser dans la consolidation budgétaire vaut aussi pour les autres membres de la zone euro, sans aucune exception», afin de prouver leur volonté de vraiment assainir leurs finances, a prévenu lundi Jean-Claude Juncker.

L'Allemagne elle-même, première économie de la zone euro, vient ainsi d'annoncer un budget 2011 de grande rigueur devant permettre d'économiser 11 milliards d'euros en taillant notamment dans les dépenses de défense et sociales. D'autres pays comme la France ou l'Italie ont aussi promis de lumiter leurs dépenses publiques.

Pour éviter une répétition de la crise actuelle, les ministres des Finances européens se sont en outre mis d'accord lundi pour durcir la discipline budgétaire en créant de nouvelles sanctions contre les pays trop laxistes et en acceptant de soumettre les grandes lignes de leurs budgets nationaux à l'UE avant leur adoption parlementaire.

Certains mettent toutefois en garde contre un excès de rigueur aux effets contreproductifs.

«Le défi est de réduire le déficit sans conduire à la récession», a résumé le ministre chypriote Charilos Stavrakis.

Il faut «éviter de mourir guéri, d'arriver à l'équilibre (budgétaire) en n'ayant pas une activité économique et un emploi fort», a renchéri son homologue belge Didier Reynders.