Le procès très attendu des quatre employés du géant minier anglo-australien Rio Tinto, accusés d'espionnage industriel et corruption, s'est ouvert lundi à Shanghai, métropole de l'est de la Chine, a annoncé un porte-parole du tribunal.

«Le procès est ouvert au public», a précisé cette responsable, Mme Wang Haiwen.

Stern Hu, un Australien qui dirige le bureau de Rio Tinto à Shanghai, et trois de ses collaborateurs chinois doivent être jugés jusqu'à mercredi pour obtention de «secrets commerciaux» par des moyens «illégitimes» et pour corruption.

Seules les audiences consacrées aux accusations de corruption doivent être ouvertes au public, avait annoncé le tribunal la semaine dernière.

Canberra a demandé que des représentants consulaires australiens puissent assister à l'intégralité des audiences.

Cette affaire a tendu les relations sino-australiennes mais aussi semé l'inquiétude dans la communauté des affaires étrangères, qui comme le monde diplomatique, devrait suivre de près ce procès, y voyant un test pour le système judiciaire chinois.

La Chine pour sa part a repoussé toute critique éventuelle et affirmé que les droits des accusés seraient «pleinement respectés».

Les employés de Rio Tinto ont été interpellés en juillet, alors que les sidérurgistes chinois menaient d'âpres négociations sur le prix du minerai de fer avec des géants miniers étrangers, dont Rio Tinto. Les négociations avaient finalement capoté.

Les médias chinois avaient alors fait état de diverses informations non confirmées selon lesquelles Rio Tinto, mais aussi d'autres grandes compagnies minières, auraient corrompu des industriels chinois pour avoir accès à certaines données comme les niveaux des stocks, les prévisions de production, ainsi que des informations financières -- des informations sensibles dans le cadre des négociations sur les prix de la matière première utilisée par les aciéristes.

Analystes et hommes politiques australiens avaient relevé la concomittance entre arrestation et négociations et souligné que cela intervenait aussi juste un mois après l'échec d'un accord stratégique important entre Rio Tinto et le géant public chinois de l'aluminium Chinalco.

L'accord avorté prévoyait que Chinalco apporte 19,5 milliards de dollars à Rio Tinto et double sa participation au capital du groupe anglo-australien, pour atteindre 18%, en obtenant deux sièges au conseil d'administration.