La Commission européenne a approuvé mercredi le plan d'économies promis par la Grèce pour sortir de la crise tout en la plaçant sous une surveillance sans précédent, alors que l'idée d'un soutien de la zone euro à Athènes continue à faire son chemin.

«Nous appuyons le programme» grec de stabilité, dans lequel Athènes a détaillé les mesures prévues pour réduire son déficit sur la période 2010-2013, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.

«Nous considérons que c'est ambitieux mais réalisable», a-t-il ajouté devant la presse, en cherchant à rassurer les marchés qui ont mis le pays sous pression depuis plusieurs semaines.

Le programme vise à réduire le déficit public de 12,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 à moins de 3% en 2012. Pour cela, il comprend une série de mesures pour augmenter les recettes ou réduire les dépenses, dont l'adoption d'un arsenal anti-fraude, la réduction de primes aux fonctionnaires ou la baisse des dépenses des hôpitaux.

Le gouvernement a encore annoncé mardi des mesures supplémentaires: gel total des salaires des fonctionnaires, relèvement de l'âge légal du départ à la retraite ou augmentation des taxes sur les carburants.

Le gendarme budgétaire européen a «salué» ces nouvelles annonces, tout en demandant à la Grèce «d'envoyer le calendrier de leur mise en place dans les semaines à venir». Il l'appelle aussi à «détailler davantage les mesures qui devront être mises en place en 2011 et 2012».

Surtout, face à cette crise, qui constitue un test sans précédent pour la zone euro, la Commission a décidé de mettre la Grèce sous une surveillance d'ampleur inédite, afin de s'assurer qu'elle prendra les mesures qui s'imposent.

«C'est la première fois que nous mettons en place un système de surveillance aussi intense et quasi permanent, mais c'est nécessaire étant donné les circonstances», a souligné M. Almunia.

Les autorités grecques devront envoyer régulièrement des rapports d'étapes. Le premier devra être soumis pour le 16 mars.

Plus largement, la Grèce devra aussi «se préparer à adopter des mesures supplémentaires le cas échéant», et la Commission invite Athènes à réformer son administration, son système de retraites et de santé.

Enfin, Bruxelles a en parallèle annoncé l'ouverture d'une procédure d'infraction contre Athènes pour ses statistiques de déficits peu fiables.

La Grèce avait brutalement revu en hausse en octobre ses statistiques de déficit pour 2009, révélant l'état catastrophique de ses finances publiques.

Le gouvernement grec devra «prendre toutes les mesures nécessaires» pour s'assurer que «les lacunes et faiblesses» du système statistique grec soient «corrigées», indique Bruxelles.

Dans le même temps, la réflexion se poursuit en Europe sur l'aide qui pourrait être apportée à la Grèce en cas de besoin par ses partenaires.

Selon des informations de presse, une telle aide, qui serait discutée au plus haut niveau, pourrait prendre la forme de prêts bilatéraux d'États de la zone euro.

La Grèce a de son côté prôné mardi l'émission d'euro-obligations, des emprunts lancés en commun par plusieurs États pour mutualiser les risques, pour aider les pays lourdement endettés de la zone euro. Une idée déjà évoquée au sein de la zone euro, mais qui n'a jamais fait consensus.

Interrogé sur ce sujet, M. Almunia n'a pas commenté. Il s'est contenté de dire qu'«une façon d'exprimer la solidarité européenne, c'est d'utiliser les instruments européens» de surveillance existants. «Je crois que c'est la question importante maintenant», a-t-il dit.