Les jeunes de la génération Y, les 18 à 34 ans, expriment un grand désir d'acheter une première propriété, mais la difficulté de recueillir la mise de fonds nécessaire à l'achat constitue un frein à l'atteinte du statut de propriétaire.

Le faible taux de propriété au Québec a fait l'objet d'une discussion hier à l'occasion du Sommet de la construction, organisé par l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ).

Il faut maintenant le double de temps aux premiers acheteurs pour amasser la mise de fonds requise. Les jeunes devaient épargner pendant quatre ans, maintenant, ça leur prend huit ans pour constituer l'acompte requis à l'achat d'une première propriété.

Un acheteur de maison peut emprunter jusqu'à 80 % de la valeur de sa propriété. Le solde, 20 %, doit être payé comptant et constitue la mise de fonds.

Avec l'assurance prêt de la Société d'hypothèques et de logement du Québec (SCHL) ou d'assureurs privés, il est toutefois possible de financer jusqu'à 95 % de la valeur de la propriété. La mise de fonds s'élève dans ces cas à 5 %.

Même avec seulement 5 % de mise de fonds, la somme à amasser reste trop importante pour bon nombre de ménages, spécialement les personnes qui exercent un emploi manuel ou de technicien, a expliqué Stéphane L'Espérance, président de Construgep, qui participait à la table ronde en compagnie de René Vézina, chroniqueur financier, Paul Cardinal, économiste à la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), et Guy Croteau, responsable de la souscription au Fonds de solidarité FTQ.

OBSTACLES ET SOLUTIONS

Le prix des propriétés a beaucoup augmenté depuis 15 ans, une inflation alimentée par la baisse des taux d'intérêt. Or, la mise de fonds devient de plus en plus importante à mesure que le prix des maisons augmente.

Un sondage Léger, dont les résultats ont été publiés la semaine dernière, indique que 60 % des Y souhaitent devenir propriétaires pour bénéficier d'une meilleure qualité de vie.

Pour 24 % des 18 à 34 ans, l'accumulation d'une mise de fonds constitue un obstacle pour acquérir une propriété dans les cinq prochaines années.

Comme solution mise de l'avant pour faciliter la constitution d'une mise de fonds, M. L'Espérance, constructeur des copropriétés Condos Mont-Joli, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, offre à ses clients de devenir propriétaires avec seulement 5000 $. Avec son programme Accès propriété, il profite d'un programme de la SCHL sur l'assouplissement de la mise de fonds pour offrir à ses acheteurs de financer sans intérêt l'équivalent de 5 % de la valeur de leur unité. « Il s'agit d'un montant pris en deuxième hypothèque qui sera remboursable à la revente de la copropriété, à son refinancement ou à la fin de la période de l'amortissement de l'hypothèque dans 25 ans », explique-t-il.

Dans le cas d'un condo vendu 200 000 $, M. L'Espérance offre donc un prêt sans intérêt de long terme de 10 000 $. Son projet Mont-Joli compte 144 appartements, dont 86 ont été vendus presque exclusivement à de premiers acheteurs.

LES LOGEMENTS DANS DES PLEX : UN CHOIX ABORDABLE

Le Québec compte 61,2 % de propriétaires, comparativement à 69 % au Canada en moyenne. Pourquoi ? Paul Cardinal, économiste chez FCIQ, croit que le faible niveau des loyers dans la province explique une bonne partie de l'écart.

Le prix moyen d'un condo standard à Montréal s'élève maintenant à 290 000 $. À 1215 $ (10 % de mise de fonds, amortissement sur 25 ans), le coût mensuel moyen, excluant les taxes foncières, est de 60 % supérieur au loyer moyen de 760 $ pour un appartement de deux chambres.

« Au Québec, le parc immobilier locatif est constitué en partie de plex, des logements abordables dans des immeubles en bois et briques de deux à cinq unités, que l'on ne trouve pas dans le reste du pays », explique M. Cardinal.

Le phénomène des loyers abordables est particulièrement visible chez les jeunes adultes. « Au Québec, les jeunes vivent plus facilement en appartement pendant leurs études que les étudiants dans le reste du Canada qui vivent davantage dans des chambres, des résidences universitaires ou chez leurs parents », fait remarquer M. Cardinal.