La Caisse de dépôt et placement du Québec revoit de fond en comble sa stratégie immobilière en Europe et entend se départir de la plupart de ses actifs à l'extérieur de Londres et de Paris.

Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse, vendra ainsi une série de centres commerciaux, d'hôtels et de tours de bureaux dans plusieurs pays au cours des deux à trois prochaines années, a appris La Presse Affaires. La valeur de ces actifs - surtout situés en Allemagne et en Espagne - oscille entre 1 et 2 milliards de dollars canadiens.

«Si je suis pour décrire comment on aimerait investir à l'avenir en Europe, je dis: Paris et Londres», a résumé hier en entrevue William Tresham, président Investissements chez Ivanhoé Cambridge.

Ce recentrage européen s'inscrit dans la stratégie adoptée depuis 18 mois par le groupe. Ivanhoé Cambridge, l'un des plus importants investisseurs immobiliers du monde avec des actifs de 32 milliards, mise de plus en plus sur des marchés sûrs, où il peut acquérir une force de frappe considérable. C'est pour cette raison qu'il a quitté l'Inde l'an dernier après trois ans de démarches.

«On commence à voir une tendance des gros investisseurs, des fonds institutionnels comme nous, à se tourner vers les marchés qui offrent plus de sécurité», a souligné M. Tresham.

Le dirigeant affirme ne pas «courir pour sortir de l'Europe», toujours aux prises avec de sévères difficultés financières. Il cherche toutefois à amener plus de «cohérence» dans les investissements d'Ivanhoé sur ce continent, comme en témoigne la série de transactions réalisées à Londres et à Paris pendant la dernière année.

Le rachat d'un complexe de bureaux prestigieux de Londres - le Woolgate Exchange -, annoncé hier, s'inscrit en plein dans cette stratégie. Ivanhoé Cambridge et son partenaire TPG ont racheté le prêt en défaut de l'ancien propriétaire pour 400 millions CAN, et ils bénéficient en échange d'un immeuble offrant un taux de rendement courant plus élevé que la moyenne.

Pour concentrer ses activités à Londres et à Paris, la firme québécoise devra se départir d'une série d'actifs éparpillés dans une demi-douzaine de pays européens. Cela comprend des centres commerciaux à Madrid, plusieurs édifices de bureaux en Allemagne, ainsi que des hôtels Holiday Inn et Crowne Plaza surtout situés en Allemagne, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et en Autriche.

William Tresham affirme être déjà en discussions avec plusieurs groupes intéressés, mais le recentrage du portfolio pourrait prendre entre deux et trois ans. Il n'est pas question de brader ces actifs, dit-il en somme.

De 32 à 40 milliards d'actifs

Si la filiale de la Caisse de dépôt affirme user de la plus grande prudence dans ses investissements récents, elle voit quand même grand. Elle entend faire passer ses actifs de 32 milliards aujourd'hui à environ 40 milliards d'ici deux à trois ans, a indiqué hier M. Tresham.

Ivanhoé mise beaucoup sur les métropoles américaines, qui connaissent un fort rebond depuis un an. En plus de New York, Washington, Boston, Chicago et Seattle, où il est déjà présent, le groupe espère percer les marchés de Los Angeles et de San Francisco.

Le Brésil et la Chine restent aussi des priorités. Ivanhoé Cambridge souhaite injecter 500 millions dans chacun de ces pays au cours de la prochaine année. William Tresham souhaite par ailleurs identifier une ou deux étoiles montantes parmi les pays émergents en 2013, en Amérique du Sud ou en Europe de l'Est. Le Pérou et la Colombie font partie des candidats, mais aucun choix n'a été arrêté.

Les actifs européens devraient quant à eux se maintenir aux environs de 6 milliards au cours des prochaines années, concentrés à Londres et à Paris.

Les résultats d'Ivanhoé Cambridge pour l'exercice 2012 seront connus d'ici quelques semaines, en même temps que ceux de la Caisse.