Après avoir suscité des espoirs grandioses depuis cinq ans et mobilisé tout un quartier avec sa promesse de 1600 emplois, le projet de centre commercial dans la carrière Saint-Michel est «techniquement mort», a appris La Presse.

Selon une source bien au fait du dossier, le promoteur, SmartCentres, bras immobiliser de Walmart, a fait une croix la semaine dernière sur cet ambitieux projet de 200 millions de dollars. Des divergences entre les exigences de la Ville de Montréal et celles du promoteur, notamment sur le calendrier de construction des trois niveaux de la carrière, seraient en cause. L'entreprise a renvoyé les demandes d'entrevue à la Ville de Montréal, où on confirme que SmartCentres a annoncé mercredi être «en réflexion» sur l'avenir de ce projet.

«Tout est possible: ils pourraient arriver avec un nouveau projet, une version légèrement modifiée ou carrément annoncer leur retrait», explique Marie-Hélène Gaboury, responsable de projet au bureau de gestion des grands projets de la Ville de Montréal. Elle précise qu'on a «senti un frein à partir de 2009», mais nie qu'il y ait dissension sur les étapes de construction de ce vaste terrain de 350 000 mètres carrés, soit l'équivalent de 70 terrains de football.

Elle assure que le projet n'est pas mort. Le promoteur n'a pas indiqué quand il compte faire part de sa décision à la Ville. Un responsable qui participe au dossier a cependant confirmé que SmartCentres allait «clairement» jeter l'éponge, notamment parce que le projet est aujourd'hui jugé trop risqué.

Flexibilité et embauche locale

La carrière est composée de trois plateaux: le premier, le plus facile à construire, est à 10 mètres de profondeur. Les deux autres sont à 40 et 70 mètres. Les bâtiments commerciaux devaient occuper 75 000 mètres carrés, tandis qu'on prévoyait aménager un parc, un belvédère, des pistes cyclables, un ascenseur et des escaliers à flanc de falaise. La Ville devait garder 60% du terrain de la carrière pour continuer à l'utiliser comme dépôt à neige.

Le projet devrait créer 1200 emplois au cours de la construction, 1600 emplois permanents dans les commerces et générer plus de 3 millions en retombées fiscales pour la Ville et l'arrondissement.

«Dans l'accord de départ, les deux parties ont convenu que le promoteur allait acheter l'ensemble. Il souhaitait avoir de la flexibilité, et la Ville en a démontré», explique Mme Gaboury. SmartCentres devait notamment construire la moitié des terrains commerciaux en quatre ans. Si SmartCentres souhaite apporter des modifications, elles devront de toute évidence être mineures puisque le projet a fait l'objet d'une large consultation publique en 2008. Le promoteur s'était engagé à une série de conditions, notamment de réserver 55% des emplois à la main-d'oeuvre du quartier Saint-Michel.

Potentiel du terrain

Du côté de Vivre Saint-Michel en santé, qui regroupe des citoyens, des organismes communautaires et des institutions publiques de ce quartier, le directeur général, Yves Lévesque, s'est montré peu surpris de ce retrait très probable du promoteur. «Ça fait deux ans qu'il n'y a pas eu de développement dans ce dossier, on se doutait bien que ce n'était pas très actif. C'est décevant. Mais l'important, c'est qu'on ne laisse pas tomber l'idée de faire quelque chose avec ce terrain-là.»

La carrière, qui occupe 20% du territoire du quartier et représente un des plus grands terrains vacants encore disponibles dans l'île de Montréal, «a un bon potentiel de développement», rappelle le directeur général.