Un conférencier immobilier, agréé par Emploi-Québec, donne un programme de formation sur l'utilisation simultanée de plusieurs cartes de crédit dans le but d'amasser l'acompte nécessaire à l'achat d'une propriété à revenus.

Le Club d'investisseurs immobiliers du Québec donnera un séminaire demain à l'hôtel Holiday Inn du centre-ville de Montréal sur le financement créatif et extra créatif. Les participants y apprendront notamment à «utiliser leurs cartes de crédit au maximum tout en démontrant un solde de 0$ en tout temps», si on se fie à la publicité apparaissant sur le site internet du club.

La pub invite les participants à venir apprendre «comment acheter des immeubles avec le minimum de comptant possible, sans aucun comptant et, dans certains cas, avec empoche à l'achat. Venez entendre les secrets du financement qu'aucun investisseur n'a jamais osé vous révéler à ce jour», y est-il ajouté.

C'est un lecteur qui a attiré notre attention sur le contenu de ce programme de formation qui le laissait perplexe.

Mais comment peut-on utiliser ses cartes de crédit jusqu'à la limite et afficher un solde de 0$ en tout temps? , a demandé La Presse Affaires au Club d'investisseurs immobiliers, dont les bureaux sont situés à Longueuil.

«C'est toujours possible et c'est parfaitement légal, affirme Nicole Bélanger, adjointe de Jacques Lépine, président et fondateur du Club. Cette formation se donne deux fois par année depuis 2005. On n'enseigne pas aux gens à loader leurs cartes de crédit et à déclarer faillite. On n'y enseigne rien d'illégal, si on ne le faisait, ça ferait longtemps qu'on ne serait plus sur les rangs», a-t-elle pris soin d'ajouter, sans rien nous révéler du truc.

Aux dires de Mme Bélanger, le programme de formation sur le financement créatif et supercréatif traite des méthodes de financement autres que le financement hypothécaire usuel des institutions financières.

Des manquements à la loi

«La formation est agréée par Emploi-Québec, 1% - loi 90», lit-on dans la publicité, en référence à la loi obligeant les entreprises ayant une masse salariale supérieure à 1 million de dollars par année à investir l'équivalent d'au moins 1% de leur masse salariale dans la formation continue de leur main-d'oeuvre.

«Dans ce cas-ci , on constate que la mention de l'agrément ne serait pas utilisée correctement. C'est l'organisme qui est agréé, pas la formation», précise François Lefebvre, porte-parole d'Emploi-Québec, à qui on a fait part de cette curieuse de formation.

Mais comment un programme de formation portant sur l'achat d'une propriété à l'aide de cartes de crédit peut-il être considéré comme admissible au développement de la main-d'oeuvre en entreprise? «Emploi-Québec, plus précisément la Commission des partenaires du marché du travail, ne passe pas la liste des formations en revue, répond M. Lefebvre. Elle évalue plutôt la capacité de l'organisme à donner des formations dans les domaines pour lesquels un agrément est demandé.»

Par ailleurs, les organismes doivent se conformer à un code de déontologie. Les gens qui se sentent lésés peuvent toujours se plaindre du formateur à la commission. Environ 5000 formateurs sont accrédités.

Dans le cas qui nous occupe, l'accréditation est faite au nom du Groupe For-sy-the international et de Jacques Lépine, qui s'est fait connaître avec ses ouvrages sur l'immobilier.

Yvan Cournoyer, l'un des formateurs annoncés sur le site internet du Club d'investisseurs immobiliers du Québec, n'apparaît pas dans le répertoire des formateurs agréés. «Ça constitue un manquement, dit M. Lefebvre. La Commission est en train de procéder à des vérifications et a communiqué avec l'organisme.»