Les ventes de maisons tournent peut-être au ralenti, mais les prix dans six des plus grands marchés au pays, dont Montréal, s'approchent de la bulle immobilière pour la première fois en 30 ans, indique un rapport d'un groupe de réflexion établi à Ottawa, qui n'exclut pas une crise comme celle qui affecte encore les États-Unis.

Le rapport du Centre canadien de politiques alternatives, qui doit être rendu public mardi, relève que les prix de vente de maisons se situent actuellement de 4,7 à 11,3 fois le revenu annuel moyen des Canadiens - bien au-delà des niveaux historiques de confort entre trois et quatre fois le revenu moyen.

Le chercheur associé David Macdonald a dit croire qu'il était «unique et inquiétant» de voir ainsi les prix hors de la zone de confort dans tous les principaux marchés canadiens.

Les ventes ont chuté de 25% depuis l'atteinte d'un sommet au début de l'année alors que les acheteurs se font plus rares et plus de maisons se retrouvent sur le marché. Mais les prix étaient en hausse de 13,6% juin par rapport à l'année précédente dans les principales villes canadiennes, selon l'indice composite Teranet-Banque Nationale.

Les prix en juin avaient fait un bond de 1,5% comparativement à mai - l'augmentation la plus marquée depuis août 2009 et le 14e mois consécutif en hausse.

M. Macdonald a soutenu que la courbe des prix dans bon nombre de villes laissaient poindre un «accident sur le point de se produire».

Au cours des trente dernières années, le Canada a vécu trois bulles immobilières, qui surviennent quand les prix de vente des maisons augmentent au-delà de l'inflation, des revenus des ménages et de la croissance économique, mentionne le rapport.

Une hausse de seulement un à 1,25% des taux hypothécaires par les grandes banques canadiennes suffirait à causer une crise immobilière similaire à celle qui affecte les États-Unis, a soutenu le chercheur associé.

Vancouver a vécu des bulles immobilières en 1981 et 1994 et une autre a touché Toronto en 1989. Dans les autres principaux marchés canadiens - Calgary, Edmonton, Ottawa et Montréal -, les prix sont demeurés stables de 1980 à 2001 entre 150 000$ et 220 000$.

«Ce qui inquiète aujourd'hui, c'est que les six principaux marchés, pas seulement Vancouver et Toronto, sont hors de cette zone de confort, a mentionné M. Macdonald. Les prix moyens dans ces six principaux marchés se situent au-dessus de 300 000$.»

Et la tendance à l'adoucissement ne signifie pas nécessairement que les marchés ont émergé de la bulle, a-t-il ajouté.

Avant que le marché immobilier de Toronto ne s'écrase en 1989, un déclin similaire dans les volumes de vente avait été enregistré en 1987, mais cela marquait seulement un creux avant que des augmentations futures ne mènent à l'éclatement.

L'économiste en chef délégué de la Banque de Montréal Douglas Porter croit pour sa part que le ralentissement de la hausse des prix de vente démontre clairement que le marché s'éloigne de la bulle immobilière. Il a toutefois ajouté ne pas pouvoir écarter complètement les menaces évoquées dans ce rapport.

«Étant donné la relance de l'emploi au cours de la dernière année au Canada et le fait que les taux d'intérêt sont encore à des niveaux extrêmement favorables, je ne peux être aussi pessimiste dans mes projections sur le marché immobilier», a affirmé M. Porter.