Aucun des repreneurs potentiels de la maison Lacroix, en redressement judiciaire, n'a déposé de chèque auprès du tribunal de Commerce de Paris dans les délais impartis, a-t-on appris vendredi auprès de l'administrateur judiciaire, ce qui semble écarter toute reprise dans l'immédiat de la maison de couture.

Ni le cheikh émirati Hassan ben Ali al-Naimi, sur lequel la maison avait fondé beaucoup d'espoirs, ni le cabinet Bernard Krief Consulting (BKC), n'ont apporté de garanties financières à leurs propositions, a précisé à l'AFP Régis Valliot, alors qu'ils avaient jusqu'à jeudi soir pour le faire.

Le tribunal pourrait ainsi trancher, à l'audience prévue mardi, en faveur du plan de redressement des propriétaires de la maison de couture, le groupe américain Falic. Ce plan prévoit la suppression de plus d'une centaine d'emplois, et donc de la couture et du prêt-à-porter, et de payer les créanciers grâce aux licences Christian Lacroix.

Seuls 11 salariés resteraient pour gérer les contrats de licence des accessoires et des parfums Christian Lacroix.

Mais le tribunal peut aussi rejeter ce plan, en considérant qu'il ne «maintient pas l'activité principale et ne sauvegarde pas assez l'emploi», et prononcer la liquidation judiciaire de l'entreprise, explique M. Valliot, tout en estimant que cette alternative, juridiquement possible, est «peu probable».

Dans ce cas, tous les salariés sont licenciés mais «le liquidateur peut alors vendre la marque aux enchères pour un prix qui pourrait être conséquent et qui permettrait de payer les créanciers».

Créée en 1987 avec l'appui du numéro un mondial du luxe LVMH qui l'a vendue en 2005 au groupe américain Falic, spécialisé dans le duty free, la maison Christian Lacroix a enregistré en 2008 dix millions d'euros de pertes pour un chiffre d'affaires de trente millions d'euros.

Le projet du cheikh émirati, auquel était associé le couturier français, prévoyait un budget global de 100 millions d'euros pour l'apurement du passif, les pertes attendues au redémarrage de la griffe et son développement.

Mais à la dernière audience du tribunal de commerce, le 17 novembre, il avait déjà créé la surprise en n'étant pas en mesure d'apporter de garanties financières pour appuyer son projet.

Christian Lacroix a été le grand absent des défilés de prêt-à-porter féminin à Paris début octobre.