Jamais en près de 20 ans il n'y a eu plus de liquidités disponibles que maintenant pour l'achat d'actions, ce qui laisse croire à certains des plus éminents investisseurs que le marché boursier américain reprendra de plus belle après avoir connu sa pire année depuis la Grande Dépression.

Les quelque 8,85 billions US détenus en espèces, en dépôts bancaires et en fonds du marché monétaire équivalent à 74% de la valeur boursière des sociétés américaines, soit le ratio le plus élevé depuis 1990, selon des données de la Réserve fédérale compilées par Leuthold Group et Bloomberg.

Des prévisions

Leuthold, Invesco Aim Advisors, Hennessy Advisors et BlackRock, qui gèrent en tout près de 1700 milliards US, affirment que cela laisse présager que l'indice Standard&Poor's 500 se redressera après les pertes sur créance de 1000 milliards US qui ont valu au principal indice boursier américain de connaître sa pire débâcle annuelle depuis 1931.

Les huit fois précédentes où les liquidités disponibles ont atteint un niveau comparable à la capitalisation boursière, le S&P 500 a fait un gain moyen de 24% en six mois, révèlent les données compilées par Bloomberg.

«Il y a une réserve de liquidités qui pourrait propulser le marché à la hausse, dit Eric Bjorgen, gestionnaire chez Leuthold, à Minneapolis. On peut aujourd'hui acheter deux fois plus d'actions du S&P 500 pour le même prix que l'an dernier.»

De «bonnes occasions»

Leuthold Group, dont le fonds Grizzly Short a dégagé un taux de rendement de 83% en 2008 après avoir parié contre le marché boursier, a déclaré dans une note aux investisseurs que la Bourse offre «l'une des meilleures occasions d'affaires de votre vie».

Le S&P 500 a fait une remontée de 16% depuis un creux de 11 ans, le 20 novembre, lorsque le gouvernement s'est porté à la rescousse de Citigroup, que le président désigné Barack Obama s'est engagé à stimuler la croissance avec le plus vaste plan de réfection des infrastructures depuis 1950 et que la Fed a ramené son taux directeur à près de 0% afin de remédier à la pire crise financière des 70 dernières années.

Le ratio des liquidités disponibles par rapport à la capitalisation boursière aux États-Unis a atteint 86% dans les 11 premiers mois de 2009. Il s'agit de la plus forte augmentation depuis que la Fed a entrepris de compiler ce genre de données en 1959. Cette année-là, les États-Unis, l'Europe et le Japon sont entrés simultanément en récession pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale.

La masse monétaire liquide, soit les actifs américains disponibles pour dépense immédiate tels qu'évalués par la Banque centrale, est principalement détenue par les ménages, selon Richard G. Anderson, économiste à la Réserve fédérale de St. Louis.

«Ces réserves de liquidités annoncent un nouveau départ, dit Fritz Meyer, stratège à Invesco Aim, à Denver. La reprise aura probablement lieu durant la seconde moitié de l'année.»

Pour que cette reprise ait lieu, il faudra que les profits des sociétés et que l'économie en général renouent avec la croissance, puisque les marchés boursiers de la planète ont vu s'envoler en fumée 30 000 milliards US l'année dernière, selon Frederic Dickson, stratège en chef des marchés chez D.A. Davidson, à Lake Oswego, en Oregon.

Les analystes estiment que les profits des sociétés inscrites aux S&P 500 chuteront de 10,3% durant les trois premiers mois de 2009 et de 5,8% au cours du trimestre suivant, ce qui portera cette période de déclin des bénéfices à huit trimestres consécutifs, soit la plus longue à ce jour, révèlent les chiffres compilés par Bloomberg.