Depuis que Pierre Lassonde a racheté en 2008 la société minière Franco-Nevada - qu'il avait fondée en 1983 - du géant aurifère Newmont, il a résolument décidé de changer son mode de vie. L'entrepreneur, qui aura 65 ans le mois prochain, partage aujourd'hui équitablement son temps entre le travail, la famille et la philanthropie.

Originaire de Saint-Hyacinthe, Pierre Lassonde a fait son génie à Polytechnique avant de décrocher un MBA à l'Université de l'Utah. Il s'est établi à Toronto lorsqu'il a fondé la société Franco-Nevada.

L'entrepreneur a fait fortune dans le secteur minier et il est considéré comme une sommité dans le domaine. Il a écrit un livre, Gold Book, The Complete Investment Guide to Precious Metals, qui a été réédité à six occasions et qui est devenu une référence pour les investisseurs.

«La dernière réédition remonte à 1997. J'ai vu sur eBay qu'on demandait 10 000$ pour un exemplaire. À ce prix-là, je suis prêt à l'autographier», dit-il dans un éclat de rire.

Pierre Lassonde revient régulièrement au Québec où il est notamment président du conseil du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) et coprésident de la campagne de financement de la fondation du Musée.

Le MNBAQ inaugurera en 2014 un nouveau pavillon à Québec. Un bâtiment au design unique de 100 millions de dollars qui sera, pour la Ville de Québec, selon l'homme d'affaires, le nouveau Château Frontenac du XXIe siècle.

Les gouvernements assurent les deux tiers du financement et Pierre Lassonde doit recueillir 22 millions auprès de grands mécènes québécois. Il a lui-même donné 10 millions pour la réalisation de ce projet.

Philanthrope par plaisir

«Les affaires, ce n'est pas une fin en soi. Quand tu as réussi, il faut que tu te rendes utile et que tu en fasses profiter les autres. J'ai décidé de devenir philanthrope en 1995. Ma femme et moi, on voulait redonner à ceux qui avaient participé à notre bonne fortune», explique l'entrepreneur minier.

C'est comme ça que l'école secondaire où il a étudié à Saint-Hyacinthe a reçu un don substantiel. L'école Marie-Clarac qu'a fréquentée sa première femme, Claudette MacKay, a reçu 1 million pour l'érection d'un nouveau pavillon.

En 2000, l'École polytechnique a reçu 8 millions pour ériger deux nouveaux pavillons qui portent le nom de l'entrepreneur et de sa femme. L'Université Western en Ontario a obtenu 25 millions pour ériger une nouvelle école de génie et l'Université de l'Utah a créé le Lassonde entrepreneur Center grâce à une donation du généreux mécène.

Comme tout ce qu'il entreprend, c'est de façon très méthodique que Pierre Lassonde a commencé à s'intéresser à l'art. Ses parents étaient déjà collectionneurs, mais lui a systématisé sa démarche.

«On a pris un livre sur l'art canadien et on a décidé de choisir 10 peintres, sans regarder les noms en se basant strictement sur ce qu'on aimait. Curieusement, on a choisi 10 peintres québécois. L'art est vraiment le reflet de l'âme», constate Pierre Lassonde.

Sa collection compte plus de 200 oeuvres et il est aujourd'hui le plus important collectionneur privé de toiles de Jean Paul Riopelle, dont il montre au journaliste de La Presse avec moult détails chacune des toiles qu'il possède.

Le modèle Franco-Nevada

Père de trois enfants et grand-père de cinq petits-enfants, Pierre Lassonde a décidé de passer le plus de temps possible auprès des siens lorsqu'il a quitté la présidence de Newmont qu'il a dirigée de 2001 à 2008. Deux de ses fils qui étaient établis aux États-Unis et en Australie sont revenus dans la région de Toronto pour se rapprocher du patriarche.

Pierre Lassonde n'a toutefois pas été capable de rester bien longtemps. Lorsqu'il a su que Newmont cherchait à se départir de Franco-Nevada - la société qu'il avait créée en 1983 et vendue en 2001 -, il a sauté sur l'occasion.

«Franco Nevada a un modèle d'affaires unique. On n'est propriétaire que de droits miniers et, chaque année, on récolte des redevances. L'an dernier, on a récolté plus de 400 millions et on n'a que 21 employés et des coûts d'exploitation de 12 millions. C'est donc près de 400 millions en profits qui reviennent dans nos coffres.

«On a 1 milliard en liquidités, aucune dette et on continue d'acheter des droits. On a des droits sur trois mines d'or qui ont des réserves de plusieurs milliards et on vient de faire l'acquisition de droits sur des sites de cuivre qui vont arriver à maturité dans cinq ans. C'est vraiment un modèle unique», expose avec enthousiasme Pierre Lassonde.