Les Chinois, se sentant lésés dans l'affaire Huawei, se vengeraient-ils sur les plumes d'oie des manteaux canadiens ? La question se pose alors que les appels au boycottage de la marque Canada Goose se sont multipliés depuis l'arrestation d'une cadre de la société chinoise à Vancouver.

Les investisseurs en tout cas redoutaient les éventuelles retombées de l'affaire : cotée sur le New York Stock Exchange, l'action du fabricant de manteaux et parkas y a plongé de près de 11 % entre l'annonce de l'arrestation jeudi dernier de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei au Canada, à la demande des États-Unis, et lundi soir.

Son cours boursier reprenait toutefois quelques forces mardi après ce récent plongeon, alors que les inquiétudes liées à la guerre commerciale entre Pékin et Washington s'estompaient un peu.

Même si le premier ministre canadien Justin Trudeau a assuré qu'il n'y avait eu aucune « intervention politique » dans cette arrestation, Ottawa est depuis quelques jours la cible d'attaques du gouvernement chinois et de la population pour avoir écroué Meng Wanzhou, dirigeante du groupe chinois Huawei.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a encore dénoncé lundi le traitement « inhumain » réservé à Mme Wanzhou, après des informations de presse affirmant qu'elle souffre de problèmes de santé.

Bien qu'il soit généralement très difficile de mesurer la portée d'un appel au boycottage à court terme, les médias chinois et américains se sont fait l'écho ces derniers jours d'une multiplication de messages enjoignant les citoyens chinois à ne plus acheter les manteaux de luxe de la société canadienne, qui font un tabac parmi la communauté chinoise à pouvoir d'achat élevé.

Des appels au boycottage de sociétés canadiennes, dont Canada Goose, ont notamment été émis sur le réseau social chinois Weibo, a rapporté l'agence Bloomberg.

L'entreprise n'avait pas dans l'immédiat répondu aux sollicitations de l'AFP.

Pariant sur le fait que les consommateurs chinois pourraient privilégier à l'inverse des marques locales similaires, les investisseurs se sont à l'inverse rués sur des entreprises de vêtements telles que Bosideng, cotée à Honk Kong, qui a pris 11,7 % depuis l'arrestation de Mme Meng.

Les appels à ne plus acheter de produits canadiens surviennent alors que les États-Unis et la Chine sont empêtrés dans une guerre commerciale depuis plusieurs mois, et s'imposent des taxes douanières punitives sur plusieurs milliards de dollars de biens échangés.