Le titre de Saputo (T.SAP) ne souffre pas outre mesure du rappel de fromage lancé il y a deux semaines, et élargi vendredi dernier. Même si les causes de la contamination à la bactérie listeria restent inconnues, les analystes qui suivent le plus important fabricant de produits laitiers au Canada maintiennent leur recommandation d'acheter le titre.

L'action de Saputo a terminé la séance d'hier à 36,42$, en baisse de 1,3%. Avant l'annonce du rappel, le 26 novembre dernier, le titre s'échangeait à 37,81$. C'est donc dire qu'il s'est déprécié de 3,6% en deux semaines.

On reste toutefois loin du creux atteint par le titre en mai, alors qu'il s'est brièvement échangé à 27,03$ l'action.

Le repli des dernières semaines témoigne d'une certaine nervosité des investisseurs, estime l'analyste Brian Yarbrough, du courtier américain Edward Jones & Co. Mais il souligne que le rappel touche moins de 1% de la production annuelle de fromage de Saputo, qui s'élevait à 500 millions de kilogrammes en 2009.

«Je crois que ce qui rend les gens nerveux est que, selon les derniers commentaires, ils n'avaient toujours pas trouvé la cause de l'éclosion, a indiqué M. Yarbrough en entrevue. Certains réagissent peut-être un peu trop s'ils craignent que d'autres chaînes de production soient touchées.»

Selon lui, les investisseurs ne s'inquiètent pas tant de l'impact financier des mesures de rappel que de l'effet sur la demande des produits Saputo.

La société montréalaise a annoncé le 26 novembre qu'elle rappelait 11 000 kilogrammes de fromage de marque Faith Farms, distribué dans les épiceries fines et les restaurants. Le rappel a été élargi vendredi dernier, touchant cette fois les marques St-Albert et Sunspun.

Aucun cas de maladie n'a été signalé dans la foulée du rappel. L'entreprise n'a toujours pas identifié la cause de l'éclosion. Sa porte-parole, Sandy Vassiadis, n'a pas rappelé La Presse Affaires hier.

Brian Yarbrough souligne que les rappels préventifs sont fréquents dans l'industrie alimentaire. Il reconnaît toutefois que les Canadiens ont pu être traumatisés par l'éclosion de listeria de l'été 2008, qui avait fait 22 morts et entraîné un méga-rappel de produits Maple Leaf.

«À notre avis, il s'agit d'un cas isolé, résume-t-il. Cette entreprise a un excellent dossier, notamment pour acquérir des sociétés à bon prix, améliorer leurs opérations et leur rentabilité. Et nous croyons qu'elle reste en bonne position financière pour continuer à faire des acquisitions.»