Le groupe canadien Potash, premier producteur mondial d'engrais, a annoncé mardi avoir rejeté une proposition de rachat de 38 milliards de dollars US du conglomérat minier BHP Billiton et a adopté dans la foulée un dispositif rendant plus compliquée une OPA hostile.

Le conseil d'administration de Potash a refusé «à l'unanimité» cette proposition non sollicitée, qu'elle juge «grossièrement» insuffisante au regard des perspectives du groupe, selon un communiqué publié sur son site.

BHP Billiton, entreprise anglo-australienne productrice de minerai de fer, de bauxite, de diamants, de charbon et d'uranium, propose 130 dollars US en numéraire pour chaque action Potash.

Dans son communiqué, sa cible a jugé que ce prix était insuffisant, puisque n'offrant à ses actionnaires qu'une prime de 16% par rapport au cours de clôture de son action de lundi. Elle juge aussi l'opération de BHP Billiton «opportuniste» dans la mesure où l'industrie des engrais sort juste d'une crise profonde et commence juste à augmenter fortement ses prix.

«La compagnie croit qu'elle se trouve juste à un point d'inflexion, qui va voir la demande de potasse retrouver ses taux de croissance historiques, le marché se tendre et les prix augmenter», a-t-elle expliqué.

Pour se donner du temps pour examiner des propositions concurrentes au cas où BHP Billiton donnerait une tournure hostile à son offre, le groupe canadien a adopté une «pilule empoisonnée», a-t-il expliqué dans un second texte.

Le conseil d'administration a ainsi décidé d'octroyer à chaque actionnaire du groupe une option d'achat, lui permettant d'acquérir à un prix «substantiellement» réduit une action nouvelle pour chaque action déjà détenue, dès lors qu'un investisseur viendrait à prendre plus de 20% de son capital.

Une telle opération pourrait conduire à un doublement du capital de Potash, et donc à un renchérissement considérable du coup d'une OPA hostile.

Pour contourner cet obstacle, un acquéreur potentiel devra obtenir le feu vert du conseil d'administration ou celui de la majorité des actionnaires.

A l'appui de son offre, BHP Billiton souligne que celle-ci est entièrement financée par ses banques et qu'il entendait maintenir au Canada le siège de ses activités mondiales dans la potasse.

Basée à Saskatoon dans le Saskatchewan, Potash a fait sa fortune dans l'exploitation de la potasse, l'un des principaux composants des engrais agricoles.

La société a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires ne dépassant pas 4 milliards de dollars, contre ... 9,4 milliards un an plus tôt.

Au printemps dernier, BHP Billiton avait déjà acquis un petit producteur de potasse du Saskatchewan, Athabasca Potash Inc (API), pour la somme de 320 millions de dollars américains.

Le Canada est le premier producteur mondial de potasse, grâce au Saskatchewan qui détient, à lui seul, plus de la moitié des réserves planétaires.