Après AEterna Zentaris, après Atrium et Unipex, voilà que les frères Dupont veulent répéter leurs exploits dans les soins de la peau. Et comme ils apprécient la compagnie, Éric Dupont souhaite la création à Québec une «Vallée des cosmétiques».

«L'aspect réglementaire, c'est très difficile», convient-il en entrevue, dans les bureaux de son dernier bébé, Intégrale Dermo Correction ou IDC pour les intimes.

En matière de difficultés liées la réglementation, il s'y connaît. Ses produits pour les soins cutanés, il s'est assuré de pouvoir les vendre dans tous les pays, sans avoir à en changer la composition. C'est d'ailleurs en France qu'a commencé la distribution, le Québec est venu par la suite.

Il a mis cinq ans à lancer ses produits IDC «anti-âge», cinq ans passés entre les laboratoires et les bureaux de consultants. «La plupart des entreprises n'ont pas les moyens de se payer ça», dit-il.

C'est là qu'entre en jeu la «Vallée des cosmétiques», ou un «Cosmetic Valley», comme les Français de la région de Chartres appellent la leur. L'objectif: mettre en commun «une ou deux ressources» afin d'aider les entreprises du secteur de la crème à se tailler plus rapidement une place au soleil.

«Un Cosmetic Valley, ça ne sauve peut-être pas dix ans, mais au moins cinq ans» d'erreurs de développement, souligne M. Dupont.

Le gros acteur des cosmétiques dans la région de Québec, c'est Unipex, un essaimage d'Atrium. Avec un chiffre d'affaires de 250 millions, Unipex fournit les grands de la cosmétique. Il est même le «premier fournisseur d'ingrédients à Chanel», souligne son président et chef de la direction, Charles Boulanger.

La Vallée des cosmétiques? «C'est une volonté régionale», précise-t-il, ajoutant que M. Dupont n'est pas le seul à la défendre.

Mais voilà, le nombre d'employés du secteur dans la région de Québec atteint à peine quelque 200, répartis dans une quinzaine d'entreprises, selon les chiffres fournis par le Pôle Québec Chaudière-Appalaches, un organisme de développement économique. Une idée qui circule dans l'industrie serait d'offrir le point central de la Vallée à Québec, mais en y incluant des entreprises du reste du Québec, que ce soit L'Oréal à Montréal ou Dermolab à Sainte-Julie. C'est d'ailleurs le modèle de la Cosmetic Valley française.

M. Boulanger a déjà travaillé dans le développement régional. Pas besoin de le convaincre des avantages de créer une grappe industrielle, qu'on l'appelle «cluster» ou Vallée des cosmétiques. «Le vrai enjeu de tout ça, c'est que les entreprises commencent à travailler ensemble.»

Il compare la situation d'Unipex dans le cosmétique de Québec à celle de Nortel avant son effondrement dans les technologies de l'information d'Ottawa. Les grandes entreprises offrent aux plus petites «un accès aux marchés et un accès aux compétences».

À l'heure actuelle, une partie des compétences d'Unipex se trouve encore en France. L'entreprise y est d'ailleurs membre de la Cosmetic Vallley. Ses tests sur les peaux in-vivo, par exemple, Unipex doit encore les faire en Europe. «Plus il va y avoir d'expertise ici, plus ça rend mon travail facile.»

Des subventions pour lancer la Vallée? «Très peu», répond M. Dupont, d'IDC. M. Boulanger est plus précis. Il parle du financement d'un possible laboratoire ou «quelqu'un qui pourrait faire de la veille» pour analyser les tendances du marché.

Quand la Vallée verra-t-elle le jour? «Ça prend des années à monter, dit M. Boulanger. Ce qui est important, c'est de garder le cap.»