Le Bixi ne fait pas seulement le bonheur des Montréalais qui profitent de l'été pour donner un coup de pédale. L'entreprise Cycles Devinci, qui a fabriqué les vélos à Saguenay, a profité de ce contrat pour hausser son chiffre d'affaires de 30% cette année.

«Le Bixi a vraiment bien fonctionné», lance Félix Gauthier, le grand patron de Cycles Devinci, alors que son personnel achève de fabriquer les 5000 Bixi commandés par Stationnement de Montréal.

Cette production de vélos, qui s'ajoute aux 20 000 bolides qui portent la marque de l'entreprise, a permis à Devinci d'étirer sa saison, de faire tourner son usine plus longtemps. «Ça a consolidé 10 emplois sur une base annuelle», explique-t-il.

Des profits? M. Gauthier assure que l'expérience Bixi a été profitable mais que ce sont les ventes additionnelles de Bixi par Stationnement de Montréal dans d'autres villes qui permettraient de vraiment rendre l'expérience intéressante sur le plan financier. «Quand les coûts fixes sont payés...», dit-il.

Malgré cette progression du chiffre d'affaires, Félix Gauthier ne saute pas au plafond. Son chiffre d'affaires «hors-Bixi» a progressé de 10% cette saison.

Pas si mal, diront plusieurs, en ces temps où les cyclistes pédalent entre deux mauvaises nouvelles économiques. Mais M. Gauthier, lui, espérait mieux. «On s'attendait à peu près à 30%... On essaie tant bien que mal de prendre la place qui nous revient.»

Cap sur le Canada

Après avoir délaissé le marché américain (où il vend à peine 1% de sa production), Félix Gauthier a mis le cap sur le Canada. «On se bat contre des compagnies américaines qui font entièrement fabriquer en Asie.» En Ontario, plus précisément, il se rend compte que ses ventes montent moins vite qu'il l'aurait espéré.

«Ils sont plus près des États-Unis qu'ils peuvent l'être du Lac-Saint-Jean ou du Québec parfois... On sait qu'il y a un potentiel.»

Outre ces facteurs, les concurrents de Devinci - les Canondale ou Trek de ce monde - ont des budgets publicitaires énormes. «Ce qui est notre épée de Damoclès, c'est le marketing», ajoute-t-il.

Un plan européen

Lui et son équipe planchent sur un plan stratégique pour le développement à l'étranger. L'idée, comme il l'a déjà évoqué auparavant, serait d'effectuer l'assemblage sur place, en France par exemple, afin d'éviter les droits d'entrée de bicyclettes complètes. En plus de profiter des producteurs locaux. «Si on va en France, on va essayer de travailler avec des jantes Mavic», donne-t-il en exemple.

Actuellement, entre 3% et 4% à peine des ventes de Devinci se font à l'étranger, même si des distributeurs, comme en Espagne et en Grande-Bretagne, font un bon boulot, selon lui.

Il y a aussi un début de percée du côté de l'Australie, avec des échantillons qui ont été acheminés à un distributeur local. Il travaille aussi du côté de la Corée du Nord. «On peut parler de développements potentiels», dit l'homme d'affaires, prudent.