De nombreux membres de la banque centrale américaine (Fed) se sont montrés «enclins» à conserver «plus longtemps» les taux d'intérêt proches de zéro alors que l'inflation reste faible, selon les minutes de leur dernière réunion publiées mercredi.

Plusieurs des participants du Comité de politique monétaire de la Fed ont aussi jugé que la faiblesse continue de l'inflation sous-jacente (hors prix de l'énergie) était une source d'«inquiétude» et que celle-ci pourrait mettre plus de temps à remonter vers l'objectif de 2% au vu de la lente augmentation des salaires.

«Un certain nombre de participants ont estimé qu'il fallait, avant de commencer une normalisation de la politique monétaire, voir davantage d'amélioration sur le marché du travail ainsi que les signes d'une poursuite de la croissance de l'activité à un rythme suffisant pour encore faire progresser la situation de l'emploi», indique le rapport.

Ces minutes rendent compte de la réunion des 27 et 28 janvier où le Comité monétaire (FOMC) avait décidé de continuer à être «patient» avant d'entamer une hausse des taux, maintenus proches de zéro depuis fin 2008, tout en saluant la croissance dynamique de l'économie américaine. La réunion s'était tenue avant la publication des chiffres de l'emploi de janvier qui avaient montré de fortes créations d'emplois (257 000).

Même si le Comité apparaît divisé, mentionnant ceux qui pensent qu'un relèvement des taux d'intérêt «tardif» risquerait d'enclencher «une forte inflation indésirable», la majorité des membres estiment «qu'une hausse prématurée pourrait éteindre l'apparente solide reprise de l'activité et du marché du travail».

Le FOMC tient une prochaine réunion pour décider de la politique monétaire les 17 et 18 mars.

Les participants ont aussi longuement discuté de leur future communication. Certains ont averti que lorsqu'ils abandonneraient dans leur communiqué l'idée d'être «patient» avant de relever les taux, cela pourrait entraîner «un changement dans les attentes des marchés qui risquent d'anticiper à tort un resserrement de la politique monétaire à une date proche».

«Les marchés financiers pourraient réagir de façon exagérée, rendant les conditions financières plus strictes», se sont inquiétés certains.

Sur le front international, les membres de la Fed estiment qu'«une détérioration des conditions à l'étranger pourrait poser des risques aux perspectives de croissance économique aux États-Unis».

Au cours de leur discussion, ils ont toutefois salué les initiatives d'assouplissement monétaire des banques centrales étrangères, notamment la BCE, qui devraient «renforcer» les perspectives économiques à l'étranger. Le Comité monétaire a également évoqué le ralentissement en Chine, les tensions au Moyen-Orient et en Ukraine de même que «l'incertitude en Grèce».

L'appréciation du dollar devrait continuer de peser sur les exportations américaines, ont-ils aussi estimé.

Mais globalement les membres de la Fed assurent que les risques pour l'économie américaine et le marché de l'emploi sont «équilibrés».

Sur le plan intérieur, il a été noté que la faiblesse du marché immobilier et «la tiède progression des salaires» pourraient devenir «un facteur important restreignant les dépenses des ménages». Et cela même si la chute des prix de l'énergie a «dopé leur pouvoir d'achat».

Revers de la médaille de l'effondrement des prix des carburants, plusieurs responsables régionaux de la Fed ont remarqué des réductions d'effectifs dans les industries liées à l'exploitation d'hydrocarbures. «Si les investissements industriels dans le secteur de l'énergie devaient ralentir de façon prononcée, cela pourrait amenuiser l'expansion économique pendant un certain temps», a encore prévenu le Comité de la banque centrale.