La crise budgétaire aux États-Unis pourrait se prolonger jusqu'à la semaine prochaine, après des discussions qui se sont tendues samedi sur la dette, les républicains accusant Barack Obama d'avoir rejeté leur proposition.

Après le constat d'une impasse à la Chambre des représentants, les regards se sont tournés samedi vers le Sénat, où les deux chefs de groupes, démocrate et républicain, tentaient de parvenir à un compromis.

Mais selon Harry Reid, chef de file des démocrates, ces contacts étaient seulement «très préliminaires». Les élus de la Chambre sont quant à eux partis en week-end jusqu'à lundi soir, après une courte séance samedi matin.

«Je suis déçu que le président ait rejeté l'offre que nous avons mise sur la table», a déclaré Eric Cantor, chef de la majorité républicaine à la Chambre. Une assertion qui tranchait avec les propos rassurants des deux derniers jours, quand chaque camp assurait que les «discussions» continuaient.

La Maison-Blanche n'a pas commenté ces accusations d'intransigeance, mais regretté le rejet, sans surprise samedi, d'une mesure au Sénat qui aurait permis à l'État fédéral de continuer à emprunter, et donc d'écarter le risque d'un défaut de paiement inédit,  jusqu'à la fin de l'année 2014.

Le président Obama a rencontré samedi après-midi les responsables démocrates du Sénat. Ils se sont séparés sans que filtre la substance de leurs entretiens.

«Avec seulement cinq jours avant que l'État ne puisse plus emprunter, le Congrès doit avancer sur une solution qui mette fin à la paralysie du gouvernement et nous permette de payer nos factures», a déclaré Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche.

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a quant à lui prévenu samedi soir que «nous sommes à cinq jours d'un instant très dangereux». Si un défaut de paiement des États-Unis a lieu, «cela pourrait constituer un événement désastreux pour les pays en développement, et sera aussi très préjudiciable aux économies développées», a-t-il mis en garde.

Les patrons de grandes banques ont aussi exprimé leur inquiétude sur un défaut. «Cela se répandrait dans l'économie mondiale d'une manière impossible à appréhender», a déclaré Jamie Dimon, patron de JPMorgan, la plus grande banque américaine.

Dans son allocution hebdomadaire, M. Obama a manifesté son hostilité à l'idée de repousser de seulement quelques semaines l'échéance du plafond de la dette, qui doit être relevé par un vote des deux chambres du Congrès avant le 17 octobre.

Plan au Sénat

Cette solution provisoire constituait le coeur d'une proposition républicaine, soumise à la Maison-Blanche jeudi lors d'une première rencontre.

Ce court délai aurait permis, selon les républicains, de négocier un vaste accord de réforme des programmes sociaux américains, dont le système public de retraite, tout en maintenant la pression sur le président.

«Il ne serait pas intelligent, comme certains l'avancent, de repousser de deux mois le plafond de la dette et de flirter avec le premier défaut intentionnel au milieu de la saison commerciale de Noël», a déclaré M. Obama.

Le durcissement apparent de la position de l'exécutif a fait se déplacer le centre de gravité des négociations au Sénat, jusqu'à présent en retrait, et où démocrates et républicains ont annoncé samedi travailler sur un plan alternatif à celui de la Chambre.

Les sénateurs sont réputés moins intransigeants que leurs collègues de la Chambre, où un sous-groupe d'ultraconservateurs affiliés au Tea Party exerce une forte influence. Mais tout accord devra dans tous les cas être adopté à l'identique par les deux assemblées.

Un autre dossier distinct empoisonnait la situation: la paralysie des administrations fédérales déclenchée le 1er octobre, faute de vote sur les dépenses et les recettes au Congrès. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont reçu l'ordre de rester chez eux, provoquant une cascade de dysfonctionnements à travers tout le pays.

Face à la fureur, plusieurs États (New York, Arizona, Colorado, Utah, Dakota du Sud) ont rouvert samedi sur leurs deniers plusieurs parcs nationaux, comme le Grand Canyon.

Le secteur privé souffrait aussi de la paralysie. L'avionneur américain Boeing a ainsi affirmé samedi qu'il pourrait renvoyer des salariés de la branche défense, espace et sécurité chez eux sans les payer en cas de prolongement du blocage.