Match de football pour les uns, rendez-vous publicitaire ou social pour les autres, le Super Bowl est l'événement sportif de l'année en Amérique du Nord, avec des cotes d'écoute de 113 millions de personnes aux États-Unis et 9 millions au Canada. Un succès populaire et commercial qui témoigne de la santé financière de la NFL. Mais quel est le secret du circuit de sport professionnel le plus riche sur le continent?

1. Un pour tous, tous pour un!

Douce ironie, la NFL a bâti son modèle d'affaires sur un principe peu populaire au pays du capitalisme: le partage des revenus. Une idée que le commissaire Pete Rozelle a imposée au début des années 60 pour les revenus nationaux de télé, inexistants à l'époque mais qui feront la fortune de la NFL dans les décennies à venir. Depuis 20 ans, les inégalités augmentent toutefois dans la NFL. Les revenus télé sont toujours divisés également entre les 32 équipes, mais les revenus de commandites locales, une nouvelle manne pour les équipes riches comme Dallas (80 millions par année), ne font l'objet d'aucun partage. Résultat: entre 1993 et 2009, les revenus nationaux (partagés également entre les équipes) sont passés de 75% à 63% des revenus totaux de la ligue.

2. Lucratif, le petit écran

Les salaires des 1700 joueurs de la NFL cette saison: 3,4 milliards (pour les amateurs de hockey, c'est 100 millions de plus que les revenus totaux de la LNH la saison dernière). Les revenus de télé de la NFL: 4 milliards. À partir de 2014, la NFL générera environ 6 milliards de dollars en revenus télé aux États-Unis. Selon la nouvelle convention collective, les joueurs ont droit à 55% des revenus nationaux de télé et 40% des revenus locaux des équipes.

3. Des proprios en chair et en os

La NFL est la seule ligue à interdire à une entreprise d'être propriétaire. La NFL pense que ses propriétaires auront ainsi davantage leur équipe à coeur. Ces règles compliquent toutefois la vente d'une équipe, surtout dans le cadre d'un héritage. Selon Forbes, la NFL compte 20 équipes valant plus de 1 milliard, comparativement à 6 équipes pour la NBA, le baseball majeur et la LNH réunis. La valeur moyenne d'une équipe de la NFL: 1,1 milliard.

4. Investir dans le béton

En 1999, les contribuables américains ont reçu une bonne nouvelle de la NFL: la ligue a mis sur pied un programme de prêt à ses équipes pour construire des nouveaux stades. Résultat: les 12 stades construits depuis ont été payés à 59% par des fonds privés, comparativement à seulement 26% de fonds privés pour les 13 stades entre 1995 à 2002. Le stade le plus coûteux jamais construit aux États-Unis, le MetLife Stadium (1,6 milliard), a été entièrement payé par les Giants et les Jets. La NFL prête jusqu'à 200 millions à ses équipes pour construire un nouveau stade, mais se rembourse ensuite avec une partie des revenus des loges.

5. La paix syndicale

Depuis la grève des joueurs en 1987, la NFL n'a subi qu'un seul conflit de travail avec ses joueurs - le lock-out de 2011, qui n'a pas forcé l'annulation de matchs -, comparativement à deux conflits au baseball majeur, trois dans la LNH et quatre dans la NBA. Cette paix syndicale n'a pas empêché les propriétaires de la NFL d'obtenir en 2011 des concessions salariales de 480 millions par saison des joueurs, dont la part des revenus est passée de 53,3% à environ 47%. L'une des raisons de la paix syndicale dans la NFL: la carrière d'un joueur est plus courte (3,8 ans en moyenne) que le temps pour obtenir son autonomie salariale (4 ans).

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Loin d'une note parfaite


Aussi rentable soit-elle, la NFL a plusieurs dossiers chauds entre les mains, particulièrement cette saison, où l'autorité et les décisions du commissaire Roger Goddell ont été remises en question.

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Le lock-out des arbitres

La NFL a disputé ses trois premières semaines de la saison avec des officiels briseurs de grève, dont le travail a été fortement critiqué par les joueurs.

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Les primes pour blesser

Le commissaire Roger Goodell a suspendu certains joueurs et entraîneurs des Saints de La Nouvelle-Orléans pour avoir érigé un système de primes pour blesser des adversaires, mais les joueurs ont contesté leur suspension en cour et ont obtenu partiellement gain de cause.

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Les effets des commotions cérébrales

Des centaines d'anciens joueurs poursuivent la NFL pour des dommages au cerveau résultant de commotions cérébrales subies durant un match ou à l'entraînement. En mai dernier, l'ex-joueur étoile Junior Seau, qui souffrait d'une maladie dégénérative du cerveau, s'est suicidé. En décembre, Jovan Belcher, joueur de Kansas City, a tué sa copine avant de se suicider. Sa famille n'a pas voulu faire examiner son cerveau pour savoir s'il souffrait d'une maladie dégénérative.

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Le statut fiscal

Un sénateur républicain de l'Oklahoma, Tom Coburn, a identifié le statut fiscal d'organisme à but non lucratif de la NFL comme un allégement fiscal inacceptable dans un rapport publié en octobre. La NFL ne paie pas d'impôt, mais ses équipes oui.

- Avec Forbes, Fox et John Vrooman, professeur d'économie à l'Université Vanderbilt

Photo Mike Stone, Reuters

Certains joueurs et entraîneurs des Saints de La Nouvelle-Orléans ont été suspendus pour avoir érigé un système de primes pour blesser des adversaires, mais les joueurs ont contesté leur suspension en cour et ont obtenu partiellement gain de cause.