Un Américain sur 15 est considéré comme très pauvre, un record depuis que ces statistiques ont commencé à être compilées aux États-Unis, selon de nouvelles données issues du recensement.

Quelque 20,5 millions d'Américains, soit 6,7 % de la population, composent la frange la plus pauvre de la société, qui se définit par un revenu équivalant à 50 pour cent ou moins du seuil de pauvreté officiel.

Les Américains très pauvres représentent près de la moitié des 46,2 millions de personnes qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté.

En 2010, être un Américain très pauvre signifiait avoir un revenu annuel de 5570 $ ou moins pour une personne, ou de 11 157 $ ou moins pour une famille de quatre personnes.

Cette proportion de «très pauvres» est la plus élevée en 35 ans, depuis que le Bureau du recensement a commencé à compiler des données à ce sujet. Elle surpasse de six pour cent les précédents records établis en 2009 et en 1993.

«Il n'y a presque pas de groupe qui ne soit pas affecté, sauf peut-être les citoyens les plus riches», a expliqué Robert Moffitt, professeur d'économie à l'université John Hopkins.

«Les récessions sont censées être temporaires, et quand elles sont terminées, tout devrait revenir comme avant. Mais l'inquiétude, en ce moment, c'est que le ralentissement économique - qui prendra fin éventuellement - aura des effets durables sur les familles qui ont perdu leur emploi, qui se sont retrouvées dans une situation difficile et qui n'arrivent pas à en sortir», a dit M. Moffitt.

Les «poches de pauvreté» se sont aussi élargies sur le territoire américain. Après avoir diminué pendant la période de prospérité des années 1990, la proportion de pauvres dans les grandes régions métropolitaines est passée de 11,2 % en 2000 à 15,1 % en 2010, selon une analyse de la Brookings Institution rendue publique jeudi.

Cette concentration géographique de la pauvreté est la plus forte depuis les années 1990, après une décennie de chômage élevé et d'augmentation du coût de l'énergie.

De nouvelles données sur la pauvreté en 2010, qui doivent être diffusées la semaine prochaine par le Bureau du recensement, devraient par ailleurs montrer une diversification démographique de la pauvreté. Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, la proportion d'Hispaniques vivant dans la pauvreté devait dépasser la proportion d'Afro-Américains pauvres.