Les «indignés» de Wall Street qui ont entamé leur quatrième semaine de protestation tiennent farouchement à leur indépendance, mais le monde politique américain s'est emparé du sujet, pour les critiquer ou au contraire les soutenir.

Il leur a fallu du temps. Ces contestataires, souvent jeunes, n'ont pas de lien établi avec des partis politiques, ni avec ceux qui financent ces partis, ni même avec aucune organisation en particulier. Certains médias américains ont voulu voir en eux l'émergence d'un «tea party» de gauche, mais sans ces soutiens, la comparaison peut sembler à ce stade prématurée.

«Occupons Wall Street» est une mosaïque de revendications, avec pour point commun la dénonciation de la cupidité de Wall Street.

Pour certains démocrates, l'occasion est belle de renouer avec une partie de leur base électorale, déçue par Barack Obama.

À la Chambre des représentants, où les démocrates sont minoritaires, la commission de campagne démocrate a ainsi appelé lundi sur son site internet et par Twitter à récolter 100.000 signatures en faveur d'«Occupons Wall Street».

«Des manifestants se rassemblent à New York et dans le pays pour faire savoir aux milliardaires, aux intérêts pétroliers et aux gros banquiers que nous n'allons pas laisser les 1 % les plus riches imposer des politiques draconiennes et des coupes sombres dans des programmes sociaux cruciaux pour l'Américain moyen», a écrit la commission.

Et elle a dénoncé le leader de la majorité républicaine Eric Cantor qui a critiqué ces «hordes grandissantes», et leur volonté de «dresser les Américains les uns contre les autres».

Le président Barack Obama a lui-même dit sa sympathie pour les manifestants, estimant qu'ils exprimaient «la frustration que ressent le peuple américain». Le vice-président Joe Biden est allé dans le même sens.

Ce week-end, la leader de la minorité démocrate à la Chambre Nancy Pelosi a également souligné sur ABC News que les manifestants étaient «en colère, car ils n'ont pas de travail». «Rien ne met plus en colère que de ne pas pouvoir offrir le nécessaire à votre famille, ou de ne pas savoir quelles sont vos perspectives pour l'avenir», a-t-elle dit.

Si les démocrates sont généralement favorables au mouvement, les républicains y sont résolument hostiles, mais ils ne l'ignorent plus.

Le Tea Party a ainsi dénoncé comme «insultante» la comparaison faite entre lui et les manifestants.

«Le seul point que nous ayons en commun, c'est que nous sommes comme eux opposés au renflouement de Wall Street. C'est tout», a-t-il insisté dans un communiqué, auquel était attachée une demande de contribution financière.

Herman Cain, candidat à la primaire républicaine proche du Tea party a attaqué dimanche des manifestants semblables à ceux de Wall Street, qui à Washington ont fait fermer le musée de l'Air et de l'Espace. Il les a caricaturés comme des Américains jaloux qui veulent «piquer la Cadillac de quelqu'un d'autre».

Ces commentaires n'entament pas la détermination des manifestants.

Jusqu'à présent, ils ont refusé de fixer au mouvement des objectifs précis, qu'il s'agisse d'une démission, d'une grève, ou d'un changement politique.

Ils se voient comme les porte-voix du mécontentement des Américains moyens vis-à-vis de l'élite, et veulent croire que cela portera ses fruits.

Sur leur site internet, ils précisent: «la chose que nous avons tous en commun, c'est que nous sommes les 99 % qui ne tolérerons pas plus longtemps la cupidité et la corruption des 1 %» restants.