En faire plus pour la croissance ou pas? Et dans quelle mesure? La banque centrale des États-Unis (Fed) doit répondre mercredi à ces questions qui suscitent autant d'espoirs que de craintes.

La réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) qui s'ouvre mardi a fait couler de l'encre comme rarement depuis le début de la crise.

La spéculation entourant les décisions qui seront annoncées à l'issue de la rencontre, mercredi vers 14H15 à Washington dure en fait depuis la dernière réunion du FOMC le 21 septembre, lorsque celui-ci avait ouvert la porte à un éventuel assouplissement monétaire supplémentaire.

Face au ralentissement de la croissance et de la progression des prix, les dirigeants de la Fed réfléchissent à une nouvelle injection de liquidités dans le système financier et à des moyens de faire remonter les attentes d'inflation.

Pour les marchés, l'affaire est entendue: le FOMC va annoncer mercredi un nouveau programme de rachat d'emprunts d'Etat à long terme.

Les interrogations portent sur le nombre de centaines de milliards de dollars que la Fed est prête à y est consacrer et sur le fait de savoir si le montant de ce programme sera fixé une fois pour toutes au départ ou s'il pourra être ajusté au fil du temps.

Les membres du FOMC apparaissent pourtant divisés sur la question même de l'opportunité qu'il y aurait à se lancer dans une telle entreprise.

Le FOMC a pour double mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix. Or le taux de chômage américain est proche de son plus haut niveau en une génération quand l'inflation, elle, est très inférieure au niveau que la banque centrale juge souhaitable.

D'où l'idée de plusieurs membres du Comité d'en faire plus, alors que le taux directeur de la Fed, qui influe sur le coût du crédit à court terme, est quasi nul depuis la mi-décembre 2008.

A leurs yeux, un programme de rachats massifs d'obligations du Trésor à long terme devrait permettre de stimuler l 'économie en abaissant encore un peu plus les taux d'intérêts à long terme.

En affaiblissant inévitablement le dollar, la création de monnaie qui accompagnerait un telle injection de liquidités dans le circuit économique, apporterait en plus une hausse des prix à l'importation susceptible de soutenir l'inflation.

Les opposants à cette ligne insistent sur les risques d'emballement des prix à moyen terme que comporte une telle action, dont les résultats sur l'activité économique n'ont selon eux rien d'acquis.

S'il faut en faire plus pour l'économie, disent-il, c'est au gouvernement et au Congrès d'agir, par le biais de la politique budgétaire.

Entre les partisans des deux bords, un certain nombre d'indécis pourraient faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, alors que les chiffres du PIB publiés vendredi ont donné des arguments aux deux camps, en témoignant d'une croissance économique bien réelle mais faible.

Pour David Resler, économiste de Nomura Securities, la tâche de la Fed est compliquée cette fois-ci par la perception généralisée du marché selon laquelle elle va décider de passer à l'action.

Sans être «esclaves» des marchés, «les responsables de la Fed doivent aussi mettre dans la balance» la réaction qu'une décision contraire aux attentes des opérateurs pourrait entraîner, note-t-il.

Les élections législatives de mardi pourraient jouer un rôle: en cas de blocage politique résultant de la victoire, attendue, des républicains, la Fed pourrait arriver à la conclusion qu'elle est la seule à pouvoir encore agir pour l'économie.