Oui, les médecins continuent d'être surreprésentés dans la cohorte des Canadiens qui s'exilent aux États-Unis. Mais, d'une façon générale, même avant la crise financière, le pays voisin avait déjà sérieusement perdu de sa force d'attraction.

Entre 2000 et 2006, le nombre de Canadiens partis vivre aux États-Unis a chuté d'environ 35%: il est passé de 113 100 personnes en 2000 à 73 000 en 2006, écrivent Patrice Dion et Mireille Vézina dans une étude de Statistique Canada rendue publique hier.

Les flux annuels ont particulièrement diminué entre 2000 et 2002, pour se stabiliser de façon relative entre 2002 et 2006.

En 2006, «c'est dans le domaine de la gestion qu'oeuvraient le plus grand nombre de Canadiens résidant aux États-Unis (67 000)», peut-on lire.

Et les travailleurs de la santé? Alors qu'ils ne représentaient que 8,5% des Canadiens émigrés aux États-Unis avant 1990, leur proportion est passée à 13,3% dans les années 90. Par contre, les plus récentes données semblent indiquer un réel essoufflement: «Les dernières données indiquent que la hausse de l'émigration de professionnels travaillant dans ce domaine ne s'est pas poursuivie entre 2000 et 2006.»

Cela dit, les travailleurs de la santé continuent d'être surreprésentés parmi les Canadiens résidant aux États-Unis. «En 2006, ils étaient environ 43 000 à occuper une profession liée à la santé, soit un dixième de tous les Canadiens résidant aux États-Unis et ayant un emploi. Par comparaison, en 2006, les travailleurs de la santé représentaient 4,3% de l'ensemble des travailleurs au Canada.»

De plus, si l'on exclut les techniciens du groupe des travailleurs de la santé, font encore observer les auteurs Dion et Vézina, les médecins et autres spécialistes composaient 8,2% de l'ensemble des Canadiens travaillant aux États-Unis, alors qu'ils ne représentaient en 2006 que 2,9% de l'ensemble de la main-d'oeuvre canadienne.

Quels sont les États américains qui ont attiré le plus les Canadiens entre 2000 et 2006? La Floride arrive au premier rang, avec 27 500 émigrés, suivie de la Californie (19 100), de New York (13 800) et du Texas (10 100).

Fait à noter, il y a plus de personne inactives parmi les émigrés récents, écrivent encore Dion et Vézina. «Une explication possible vient du fait que la cohorte des émigrants récents pourrait être constituée d'une proportion relativement importante de personnes ayant émigré pour autre chose que le travail, notamment pour poursuivre des études ou pour accompagner un conjoint.»

Tout de même, en 2006, près des trois quarts (72,9%) des Canadiens âgés de 25 à 64 ans partis aux États-Unis y occupaient un emploi.