Si les hommes ont été les premiers à perdre leur emploi au coeur de la crise économique aux États-Unis, une étude montre aujourd'hui une inversion de la tendance, les femmes - et particulièrement les mères - subissant aujourd'hui les effets collatéraux, alors que l'économie américaine retrouve le chemin de la croissance.

Selon un rapport de la commission économique conjointe du Congrès américain publié lundi, les hommes ont été les plus affectés au début de la crise, car surreprésentés dans les secteurs les plus touchés comme le bâtiment et l'industrie. Aujourd'hui, ils retrouvent un emploi, contrairement aux femmes et surtout aux mères célibataires.

«Alors que les pertes d'emploi ont diminué dans les derniers mois de l'année 2009, les femmes ont continué à perdre leur emploi, tandis que les hommes ont retrouvé un emploi», note le rapport, basé sur les chiffres du Bureau des statistiques du travail américain.

Dans le détail, entre octobre 2009 et mars 2010, les femmes ont perdu 22 000 emplois tandis que les hommes en ont trouvé 260 000, selon le rapport. «La forte croissance de l'emploi en avril a montré que les femmes ont trouvé 86 000 emplois le mois dernier, bien moins que les 204 000 emplois gagnés par les hommes», souligne le rapport.

Selon la présidente de la commission, la démocrate Carolyn Maloney, les conclusions de l'enquête montrent que les femmes célibataires ont été tout particulièrement affectées, avec un taux de chômage passé de 8% à 13,6% entre 2007 et 2009.

En tout, un tiers des emplois détruits pendant la récession actuelle étaient occupés par des femmes, remarque Mme Maloney. Une donné significative, a-t-elle estimé, car lors des précédentes récessions, ce pourcentage était plus faible: les femmes ont par exemple été touchées par 15% des pertes d'emplois lors de la récession de 2001. Or, «les femmes perdent davantage d'emplois, mais les familles sont plus dépendantes de leurs revenus», explique Carolyn Maloney à l'Associated Press.

Sara Wade, une institutrice de l'Illinois, s'est ainsi retrouvée seule à subvenir aux besoins de ses deux enfants âgés de 8 et 10 ans, après que son ex-mari, un charpentier et entrepreneur touché de plein fouet par la crise, n'ait pu continuer à lui verser la pension alimentaire. Sarah Wade s'estime chanceuse d'être une fonctionnaire avec 16 ans d'ancienneté et d'avoir l'aide de sa famille. Mais elle craint un gel des salaires. «C'est effrayant. Je suis la seule source de revenus et je pourrais être affectée à ce niveau», confie-t-elle.

À d'autres époques, les femmes servaient de tampon pendant les périodes de récession: si le mari perdait son emploi, l'épouse pouvait jouer le rôle de soutien de famille en secours. Pour les femmes qui assument seules la subsistance du ménage, la situation actuelle a de quoi faire peur car il n'y a pas de solution alternative, commente Gwen Moore, une démocrate membre du Caucus des femmes.

«Il n'y a pas de filet de sécurité pour ces femmes», explique-t-elle. «Huit millions de femmes assument seules la subsistance de la famille et les politiques publiques doivent être un peu plus emphatiques face à cela. Car, quand une femme perd son emploi, la famille toute entière tombe du haut de la falaise».

Un autre problème qui affecte les femmes au travail est ce que le rapport nomme «la punition du temps partiel», les travailleurs à temps partiel gagnant souvent moins bien à l'heure que leurs collègues à temps plein.

En 2009, 3,3 millions de femmes travaillaient à temps partiel pour des raisons économiques, selon le rapport. Soit parce qu'elles n'avaient pas trouvé d'emploi à temps complet ou que leur temps de travail avait été réduit à un temps partiel. Or, le temps partiel est également synonyme de frais de garde par heure plus élevés, ainsi que d'une ancienneté et d'avantages moindres au travail.

C'est ce qui est arrivé à Martha Gonzalez, une femme divorcée de 57 ans mère de trois enfants du Texas, qui a dû prendre un deuxième emploi de réceptionniste à temps partiel, quand son agence immobilière à réduit son temps de travail. Pour la première fois dans sa vie active, elle n'a plus de sécurité sociale. «Je gère», confie-t-elle.