La réforme de Wall Street, priorité numéro un du président Barack Obama, devait passer un premier test crucial lundi au Sénat américain alors que les hauts dirigeants de la banque Goldman Sachs s'expliqueront mardi au Congrès sur leurs écarts présumés.

La majorité démocrate qui dispose de 59 voix sur 100 au Sénat - soit une de moins que la majorité nécessaire pour éviter une obstruction de l'opposition («flibuste») - a décidé de passer à l'action lundi en programmant un premier vote sur l'ouverture ou non du débat sur le projet de loi en séance plénière.

Les démocrates doivent donc convaincre au moins un élu républicain pour ce vote prévu à partir de 17h.

Mais les ténors républicains, même s'ils reconnaissent que des progrès ont été effectués dans les négociations entre les deux partis, ont annoncé qu'ils étaient prêts à bloquer le texte.

Un vote pour le coup d'envoi des débats «est un vote qui signifie que nous avons cessé d'écouter les Américains sur le sujet», a déclaré Mitch McConnell le chef de la minorité républicaine lundi devant le Sénat.

Face au risque de paralysie d'un projet de loi destiné à empêcher une réédition de la crise financière de l'automne 2008, les démocrates ont réagi lundi en plaçant les républicains devant un choix délicat.

Selon le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, le vote du Sénat lundi «révélera qui pense qu'il faut renforcer le contrôle sur Wall Street et qui ne le pense pas».

À bientôt six mois des élections de mi-mandat, les discussions sur le sort de Wall Street s'intensifient, alors que selon un sondage Washington Post/ABC publié lundi, l'opinion américaine soutient à 65% contre 31% un renforcement du contrôle du système financier.

Mardi, une commission sénatoriale devrait apporter de l'eau au moulin des partisans d'une réforme rapide. Les plus hauts dirigeants de Goldman Sachs, dont le PDG Lloyd Blankfein et son directeur financier David Viniar, témoigneront devant la commission permanente des enquêtes aux côtés de Fabrice Tourre, un Français au centre de la plainte des autorités boursières américaines contre la banque d'affaires.

Samedi, la commission a publié des échanges de messages électroniques impliquant certains des plus hauts dirigeants de Goldman Sachs et montrant que cette banque avait pu empocher des dizaines de millions de dollars grâce à la baisse du marché des crédits immobiliers à risque, ce dont la banque se défend.

Le président Obama avait plaidé jeudi en faveur de la réforme en soulignant que sans action de la part du Congrès, les États-Unis seraient condamnés à une nouvelle crise. «Il est essentiel que nous tirions les leçons de cette crise, pour que nous ne nous condamnions pas à la répéter», avait déclaré M. Obama dans un discours à New York, la capitale financière américaine.

Si les élus votent lundi en faveur de l'ouverture des débats, ceux-ci devraient durer deux semaines.

Les républicains s'opposent notamment à la mise en place d'un fonds de 50 milliards de dollars «prépayé» par les banques pour faire face à d'éventuelles difficultés.

Le projet de loi prévoit la création d'un organisme de protection du consommateur financier au sein de la banque centrale (Fed). Il propose une meilleure supervision de l'immense marché des produits dérivés. Les auteurs du texte entendent également mettre fin aux sauvetages des grandes institutions financières en difficulté aux frais des contribuables.