Barack Obama va aller plaider jeudi à New York, non loin de Wall Street, pour l'adoption rapide au Congrès d'une réforme de la régulation financière afin d'éviter une réédition de la crise de 2008 dont les États-Unis commencent à peine à se remettre.

Nouvelle priorité de son administration après la réforme de l'assurance maladie enfin promulguée le 23 mars, l'encadrement plus strict des activités des banques et autres institutions financières va devoir, lui aussi, passer l'obstacle des républicains au Sénat.

Le président a été forcé dès son arrivée au pouvoir début 2009 de colmater les brèches d'un système ravagé par la crise du crédit, en continuant à appliquer le plan de sauvetage de Wall Street par l'argent public, décidé sous l'administration de son prédécesseur George W. Bush.

Mais il avait aussi dit sa volonté d'empêcher à l'avenir le secteur financier de mettre en danger l'économie tout entière, et a encore souhaité vendredi dernier une loi musclée, menaçant d'opposer son veto à tout texte qui ne serait pas suffisamment contraignant.

Une telle réforme a déjà été votée à la Chambre des représentants l'année dernière, et une autre, préparée par le sénateur démocrate Christopher Dodd, en commission au Sénat. Mais cette dernière doit encore franchir l'étape d'une adoption en séance plénière.

Or, les républicains possèdent depuis janvier une minorité de blocage à la chambre haute, et ne semblent pas prêts à rompre avec leur opposition quasiment systématique aux initiatives démocrates à six mois d'élections législatives dont ils escomptent des gains en sièges.

M. Obama et ses alliés accusent les républicains de se mettre au service des groupes d'influence de Wall Street en refusant tout rétablissement des règles ayant encadré les activités des banques des années 30 aux années 80, quand l'administration républicaine de Ronald Reagan avait commencé à les relâcher au nom du libéralisme.

«Presque deux ans après la crise et un an après que l'administration a présenté un plan détaillé pour rendre Wall Street responsable de ses actions et protéger les consommateurs, (M. Obama) va appeler le Sénat à agir rapidement», a indiqué lundi son porte-parole, Robert Gibbs.

Le président prononcera un discours à Cooper Union, une université située au sud de Manhattan, à quelques rues de Wall Street, siège de la Bourse et des plus grandes banques américaines. Cooper Union est aussi célèbre pour avoir été le théâtre en 1860 d'un discours marquant d'Abraham Lincoln, alors candidat à la présidence américaine.

À cette occasion, M. Obama devrait prendre les Américains à témoin sur l'urgence d'une telle réforme, présentée par la Maison-Blanche comme essentielle afin d'éviter aux contribuables de payer les pots cassés d'une prise de risque inconsidérée par les sociétés financières.

Lors de son discours, «le président va aussi rappeler aux Américains quels sont les enjeux si nous n'agissons pas pour changer les règles, dans le cadre d'un solide ensemble de lois réformant Wall Street», a expliqué M. Gibbs.

Partie de l'immobilier, la crise s'était propagée au secteur financier puis à l'économie réelle, plongeant les États-Unis dans la pire récession depuis la Grande dépression des années 30.

M. Gibbs a remarqué que «la crise a déjà fait disparaître des milliers de milliards de dollars en patrimoines familiaux et coûté plus de 8 millions d'emplois».

Saluant début avril l'annonce de la création de 162 000 emplois nets en mars, le meilleur résultat en trois ans, M. Obama avait souligné que la route serait encore longue avant de retrouver un niveau d'avant la crise.