Bank of America a clos une ère d'incertitude en nommant un nouveau patron recruté en interne, Brian Moynihan, pour succéder à Kenneth Lewis, et laisse espérer au marché une période de calme pour digérer l'après-crise financière.

M. Moynihan, avocat de formation vivant près de Boston, ancien directeur juridique du groupe qui avait pris l'an dernier la tête de la banque de détail, prend les rênes au moment où Bank of America va tenter de reprendre une vie plus normale.

Un an après l'intégration de la banque d'affaires Merrill Lynch en pleine tourmente financière, et tout juste débarrassée de la tutelle gouvernementale grâce au remboursement des 45 milliards de dollars d'aide fédérale reçus à l'automne 2008, Bank of America tourne donc la page.

Pour autant M. Moynihan, qui prendra officiellement ses fonctions le 1er janvier, n'a promis aucun bouleversement, bien au contraire. «Il faut juste qu'on mette en oeuvre» la stratégie déjà tracée, a déclaré au Wall Street ce pilier de la banque, qu'il a rejointe à la faveur de la fusion avec FleetBoston Financial en 2004.

Les analystes ont bien accueilli cette nomination, qui semble avoir été décidée par élimination: lundi le patron de la Bank of New York Mellon, Bob Kelly, avait fait savoir qu'il n'était pas intéressé.

Parmi les candidats en interne, le directeur de la gestion du risque Gregory Curl, qui selon certaines informations avait la préférence de M. Lewis, est compromis par une enquête judiciaire en cours sur les conditions de la fusion avec Merrill Lynch, selon un document publié jeudi par le New York Times.

L'avantage avec M. Moynihan, soulignait Betsy Graseck, analyste de la banque Morgan Stanley c'est que sa nomination «élimine toute incertitude potentielle sur la direction que prendra l'établissement et assure une transition en douceur».

«Nous prévoyons que Brian sera très concentré sur le fonctionnement interne, et fera en sorte que les acquisitions récentes soient pleinement intégrées, que la pénétration du marché progresse et qu'une structure efficace soit restaurée», renchérissait Jason Goldberg, de Barclays Capital, relevant en outre que la jeunesse relative de M. Moynihan (50 ans) laissait espérer une solution «à long terme».

M. Moynihan reprend le titre de directeur général qui restait à M. Lewis depuis que les actionnaires, ulcérés par les conditions de la reprise de Merrill Lynch, lui avaient retiré en avril la présidence du conseil d'administration.

M. Lewis, 62 ans, avait annoncé contre toute attente fin septembre qu'il voulait quitter la banque où il a passé 40 ans, après avoir transformé un petit établissement financier provincial en la plus grande banque américaine par les actifs.

M. Lewis est en première ligne dans les enquêtes judiciaires et parlementaires en cours sur une éventuelle dissimulation des pertes colossales de Merrill Lynch juste avant la fusion et sur les conditions de l'octroi d'une aide fédérale massive à Bank of America pour l'aider à digérer cette acquisition.

L'universitaire Walter Massey, 71 ans, garde la présidence d'un conseil d'administration profondément remanié ces derniers mois.

Selon le Wall Street Journal, le montant de la rémunération de M. Moynihan n'a pas encore été fixé, alors que ce sujet avait été cité comme une difficulté pour le recrutement de candidats en externe. Le quotidien affirmait également que M. Moynihan s'était engagé à garder le siège de la banque à Charlotte en Caroline du Nord.

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