Le gouvernement américain va imposer des coupes claires dans la rémunération des dirigeants des sept entreprises ayant été le plus renflouées par l'État depuis la mi-septembre 2008, a-t-on appris jeudi de source gouvernementale.

Ces sociétés vont devoir réduire de 50% en moyenne la rémunération totale de leurs 25 dirigeants les mieux payés, aux termes d'un plan préparé par Kenneth Feinberg, «superviseur spécial» chargé de surveiller la paye dans ces entreprises, a indiqué à l'AFP un responsable gouvernemental proche du dossier.

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Ces coupe claires toucheront en premier lieu la partie de la rémunération que ces employés touchent sous forme de salaire, puisque celle-ci sera réduite de 90% en moyenne, a-t-on ajouté de même source, confirmant des informations rapportées plus tôt par New York Times et le Wall Street Journal.

Nommé au printemps par le président américain Barack Obama, M. Feinberg a jusqu'à la fin du mois pour présenter son rapport, mais celui-ci pourrait être rendu public dès jeudi.

Il s'attaquera ensuite à la question des 75 dirigeants suivants les mieux payés dans chacune de ces entreprises.

Ces dernières lui ont remis leurs propositions de rémunération concernant ces cadres supérieurs ces jours-ci.

L'autorité de M. Feinberg s'exerce sur les entreprises ayant reçu une «assistance exceptionnelle» de l'État depuis la mi-septembre, à savoir les constructeurs automobiles Chrysler et General Motors, les société de services financiers GMAC et Chrysler Financial, les banques Citigroup et Bank of America, et l'assureur AIG.

Elle doit durer «tant que ces sociétés auront une obligation vis-à-vis de l'État».

Les États-Unis n'en sont pas à imposer des mesures de restriction de la rémunération de manière générale aux entreprises: Larry Summers, principal conseiller économique du président américain Barack Obama, a redit il y a une semaine qu'il n'en était pas question.

 

Les recommandations:

> Réforme des politiques de paye pour aligner les rémunérations avec la création de valeur à long terme et la stabilité financière: rejet des primes en numéraire sur la base de performance à court terme.

> Réduction considérable des salaires de la direction: baisse des rémunérations totales de 50%, des versements en numéraire de plus de 90%, limite de 500 000$ par an en numéraire pour plus de 90% des salariés, et exceptions pour «retenir les talents et protéger l'intérêt des contribuables».

> Obligation de payer les salariés en actions à conserver sur le long terme: placement des actions sur un compte bloqué, et autorisation de les vendre par tiers à partir de 2011 (ou plus tôt, si l'entreprise rembourse l'État).

> Obligation de lier la rémunération à des objectifs: fixation d'objectifs prédéterminés en consultation avec le superviseur spécial, qui doivent être atteints avant le versement des actions.

> Réforme immédiate des autres politiques de rémunération: limitation de la couverture des dépenses personnelles (sauf exception) à 25 000$ par an, interdiction des «parachutes dorés» et gel des plans de retraites spéciaux pour les dirigeants.