Le président américain Barack Obama a usé jeudi de toute son autorité politique pour siffler la fin d'une partie potentiellement risquée entre les deux grands partis et faire adopter au plus tôt par le Sénat un gigantesque plan de relance économique.

En termes très clairs, M. Obama a signifié que le débat commencé au Sénat lundi, au début d'une semaine qui ne se sera pas passée totalement comme il le voulait, avait trop duré et devait prendre fin le jour même.

M. Obama a invoqué de mauvais chiffres pour l'emploi publiés le jour même, et d'autres, «sinistres» eux aussi, attendus le lendemain.

«Ces chiffres, et les Américains eux-mêmes, nous adressent un message sans ambiguïté: le moment de discuter est terminé, le moment est venu d'agir», a dit M. Obama dans des déclarations au département de l'Energie.

M. Obama a dit laisser au Sénat la journée pour améliorer encore le texte, mais «nous devons aller de l'avant aujourd'hui».

M. Obama s'exprimait le jour où le gouvernement publiait des chiffres indiquant que le nombre de nouveaux chômeurs inscrits avait atteint son plus haut niveau sur une semaine depuis octobre 1982. La publication, vendredi, du taux de chômage en janvier (7,2% en décembre) devrait confirmer l'état d'une économie «plus malade de jour en jour» selon les mots mêmes de M. Obama.

Outre l'urgence de la situation sans cesse affirmée par M. Obama, les propos tenus jeudi prennent aussi en compte les réalités politiques et la difficulté, pour lui, de tenir la promesse de gouverner au plus large.

M. Obama a entrepris un effort qu'il dit sans précédent pour rallier les républicains derrière un plan qui relancerait l'économie et créerait ou sauverait selon lui plus de trois millions d'emplois en deux ans.

La Chambre des représentants a adopté la semaine passée une version du plan, de plus de 800 milliards de dollars. Le Sénat a ouvert le débat sur la sienne lundi. Mais les démocrates, majoritaires dans les deux chambres, et les républicains s'opposent sur le contenu.

Les républicains ne paraissent pas pouvoir empêcher l'adoption au Sénat. Mais le débat a fait une publicité appréciable à un parti durement éprouvé par les élections.

Et, jeudi, il était tout sauf acquis que de nombreux républicains s'allieraient aux démocrates pour approuver le plan.

Or le très populaire M. Obama a déjà vu son état de grâce essuyer ses premiers coups cette semaine, avec le désistement de deux hauts responsables qu'il avait nommés pour servir dans son administration. M. Obama a admis lui-même avoir «foiré» la nomination de son secrétaire à la Santé, Tom Daschle, poussé par des ennuis fiscaux à renoncer au poste.

Même après une adoption par le Sénat, M. Obama doit encore veiller à ce que les deux chambres s'entendent sur un texte de compromis.

Alors, ces derniers jours, il a durci le ton publiquement, faisant valoir la légitimité que lui confère son élection et s'en prenant vigoureusement aux politiques passées des républicains.

Au département de l'Energie et dans un appel publié par la presse, M. Obama a pris l'opinion à témoin, sans citer nommément les républicains, mais en fustigeant des politiques mises en oeuvre quand ils étaient au pouvoir et «qui ont contribué à nous valoir la crise dans laquelle nous sommes».

A cause de ces théories, le coût de la couverture santé croît plus vite que l'inflation, les Etats-Unis sont dépendants de l'étranger pour le pétrole, le déficit public a dépassé 1.000 milliards de dollars, a-t-il dit, allant jusqu'à leur imputer l'effondrement des digues face à l'ouragan Katrina en 2005.

«Je rejette ces théories, tout comme l'ont fait les Américains quand ils se sont rendus aux urnes en novembre et qu'ils ont voté de manière retentissante pour le changement», a-t-il dit.