Les Innus de la Côte-Nord s'accrochent à leur projet de parc éolien Apuiat, pourtant condamné par le gouvernement Legault.

Ils estiment que leur projet est encore vivant et qu'il est possible de le sauver en misant sur une rencontre de la dernière chance, même si le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a laissé entendre mercredi que la décision de l'abandonner serait annoncée officiellement d'ici quelques semaines.

Le projet de 200 mégawatts en partenariat avec l'entreprise Boralex est au centre de la controverse depuis plusieurs mois maintenant. Hydro-Québec s'engageait à acheter ce bloc d'électricité en vertu d'une entente de principe conclue juste avant la campagne électorale.

Le projet de contrat d'approvisionnement en électricité était appuyé par le précédent gouvernement Couillard, mais la Coalition avenir Québec (CAQ) l'avait dénoncé sur toutes les tribunes parce qu'elle le trouvait trop onéreux, d'autant plus que la société d'État est en surplus d'électricité. Des articles avaient rapporté les réticences du grand patron d'Hydro, Éric Martel, ainsi que les coûts élevés du contrat à long terme, entre 1,5 et 2 milliards.

Hydro-Québec laissait entendre que le projet était encore en ballottage, mais reconnaissait que la décision revenait à « l'actionnaire », soit le gouvernement, tandis que le ministre Jonatan Julien a rappelé que la position de la CAQ était « claire ».

« On ne croit pas que les dés sont jetés », a néanmoins déclaré la responsable des communications et des relations publiques du Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, Marie-Ève B. Théberge, dans une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne mercredi après-midi.

Autant les Innus que leur partenaire Boralex considèrent que « le projet existe encore » et travaillent pour qu'ils soient mis sur pied, a-t-elle poursuivi. Ils fondent leur espoir notamment sur une rencontre technique qui est prévue dès cette semaine avec les représentants du gouvernement.

En mêlée de presse mercredi avant de se rendre à la séance du conseil des ministres à Québec, M. Julien a indiqué qu'il rencontrera tous les partenaires dans les prochaines semaines, mais n'a pas voulu détailler ce qu'il avait à offrir en indemnisation aux communautés lésées.

De leur côté, les Innus font valoir qu'ils ne sont plus dans une logique de recevoir une « rente », mais bien de réaliser leurs propres projets. Ils ont rappelé qu'ils devaient recevoir près d'une dizaine de millions de dollars par an pendant 25 ans grâce à ce projet, et que de 300 à 400 emplois seraient créés durant le chantier.

Sylvie D'Amours, grande absente

La ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D'Amours, est la grande absente de tout ce débat. La semaine dernière, elle n'était pas à la première rencontre officielle entre le premier ministre François Legault et le grand patron d'Hydro-Québec, M. Martel, ainsi que le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.

Il a été question d'Apuiat pourtant, mais un attaché de presse caquiste a argué que plusieurs autres sujets étaient à l'ordre du jour.

Avant d'entrer à la réunion du conseil des ministres mercredi matin, Mme D'Amours n'a pas voulu dire pourquoi elle n'était pas à la rencontre. Questionnée aussi sur des indemnités éventuelles à verser aux Innus en raison de l'abandon d'Apuiat, elle a répété qu'« on avait la même position avant les élections, pendant les élections, et maintenant on a la même position », en coupant court à toute mêlée de presse.