La ministre du Travail, Dominique Vien, a échoué dans sa tentative vendredi de faire reprendre les négociations pour régler le lock-out à l'aluminerie ABI de Bécancour.

La direction a fait savoir en fin de journée qu'elle n'a pas l'intention de se rasseoir formellement à la table, contrairement à ce que la ministre avait pu déduire.

Dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi vendredi, l'entreprise dit apprécier l'aide que le gouvernement a offerte dans le cadre de ce processus, y compris la rencontre de vendredi pour discuter de l'état de la situation.

Elle précise toutefois que son offre finale était «très compétitive, parmi les meilleures du secteur manufacturier au Québec».

De même, la direction dit être «ouverte à recevoir les idées du syndicat sur la façon d'améliorer fondamentalement la manière de travailler ensemble», mais elle ajoute qu'«ABI doit augmenter sa productivité afin d'être plus compétitive et réussir à long terme».

ABI a également justifié son recours au lock-out, en plaidant que «la condition de l'usine s'est considérablement détériorée. La direction d'ABI a pris les mesures nécessaires pour protéger ses gens et ses actifs après que le syndicat a rejeté son offre».

L'entreprise n'a pas donné suite à notre demande d'entrevue.

Le syndicat des travailleurs d'ABI, affilié à la FTQ, a diffusé un communiqué pour répondre à l'entreprise. «Nous n'avons pas senti dans le communiqué du propriétaire majoritaire une volonté claire de négocier, a affirmé le président du syndicat, Clément Masse. Nous espérons qu'une fois rendus autour d'une même table, nos vis à vis seront dotés d'un mandat pour négocier les points restant en litige et trouver des solutions.»

Plus tôt en journée, la ministre avait rencontré tour à tour à son bureau de Québec les deux parties et avait jugé les rencontres «franchement satisfaisantes».

Elle avait aussi déclaré que les parties «sont prêtes à se rasseoir, nous mettons les dispositions en place pour qu'elles puissent se rasseoir et se parler».

Pas moins de 1030 syndiqués sont dans la rue en raison de ce conflit, dont un des enjeux semble être le respect de l'ancienneté dans les mouvements de main-d'oeuvre.

La partie syndicale reprochait à ses interlocuteurs de faire la sourde oreille à sa demande de négocier.

Le conciliateur nommé au dossier devait reprendre contact avec les parties pour une rencontre, avait indiqué la ministre.

Mme Vien avait rappelé qu'il s'agit d'un conflit strictement privé dans lequel le gouvernement ne peut s'immiscer, mais elle avait demandé à ce qu'il y ait autour de la table de négociations des personnes aptes à négocier et dotées d'un mandat.

Un peu avant elle, les représentants du syndicat avaient fait écho à ces propos en rapportant que les porte-parole patronaux n'avaient plus de mandat et devaient en réclamer un du siège social de l'entreprise à Pittsburgh.

Ils avaient aussi dit que c'est la partie patronale qui ne voulait plus négocier. «On attend un téléphone depuis un mois», avait affirmé en point de presse Alain Croteau, le directeur québécois du Syndicat des Métallos, auquel sont rattachés les syndiqués de Bécancour.

Les syndiqués soutiennent avoir pourtant accepté un compromis sur le régime de retraite à la demande de l'employeur, qui ne leur a pas dit quels étaient les obstacles actuels dans les négociations.

«Ils ne nous ont pas expliqué qu'est-ce qui accrochait», avait commenté M. Masse.

Le représentant syndical se dit prêt à retravailler l'offre finale, mais pas à la soumettre de nouveau telle quelle à ses membres, puisqu'elle avait alors été rejetée à 80 pour cent.

L'aluminerie de Bécancour est propriété à 75 pour cent d'Alcoa et à 25 pour cent de Rio Tinto.