Visée par des mesures protectionnistes américaines sur deux fronts, Produits forestiers Résolu devra vraisemblablement procéder à des mises à pied dans un avenir pas si lointain.

En plus des droits compensatoires en vigueur depuis peu sur le bois d'oeuvre, la compagnie forestière a versé jusqu'ici 43 millions $ CAN depuis que le département américain du Commerce a imposé en 2015 une taxe de 17,87 % sur ses exportations au sud de la frontière de papier surcalandré - surtout utilisé pour les magazines, les catalogues, les brochures d'entreprises et les encarts publicitaires.

Sur une base annualisée, ces droits compensatoires représentent des dépenses de 25 millions $ US.

Le président et chef de la direction de Résolu, Richard Garneau, croit que des décisions difficiles attendent ses usines de papier glacé à Kénogami et Dolbeau, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui comptent 330 employés.

«Il n'y a qu'une façon pour arrêter le saignement, c'est de fermer les usines, a-t-il lancé, jeudi, au cours d'un entretien téléphonique après la divulgation des résultats du premier trimestre. Nous ne sommes pas encore à cette étape, mais on s'en approche.»

En comptant les scieries ainsi que les travailleurs forestiers qui approvisionnent les usines de Kénogami et Dolbeau, c'est quelque 1200 emplois qui pourraient être en jeu, a estimé M. Garneau.

Le grand patron de Résolu croit qu'il y a de la mauvaise foi du côté américain, puisqu'un comité de l'ALÉNA vient de demander au département du Commerce de reconsidérer ses droits compensatoires contre le papier glacé canadien et qu'une décision se fait toujours attendre.

En ce qui a trait au bois d'oeuvre, la société s'attend à payer 17 millions $ US et 50 millions $ US sur une base annualisée à la suite des droits compensatoires décrétés la semaine dernière par l'administration Trump.

«Très rapidement on devrait voir des ajustements au niveau de la main-d'oeuvre dans toute l'industrie, a dit M. Garneau. Probablement pas encore de fermetures de scieries, mais des ajustements.»

Une taxe de 12,82 % a été imposée à Résolu - qui exporte plus de la moitié de son bois d'oeuvre aux États-Unis - ce qui est moins que les droits rétroactifs de 19,88 % décrétés pour les autres producteurs québécois et ontariens. Une décision sur les droits antidumping est également attendue le 23 juin de la part des autorités américaines.

Autant pour le papier glacé que le bois d'oeuvre, M. Garneau n'a pas voulu s'avancer sur le nombre d'employés qui pourraient être touchés par des mises à pied.

Le syndicat Unifor, qui représente 24 000 travailleurs forestiers de 134 compagnies au pays, estime que 25 000 emplois sont menacés en raison des taxes sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre.

L'analyse du dirigeant de Résolu diffère de celle offerte par le président et chef de la direction de Tembec, James Lopez, qui, cette semaine, a estimé que les travailleurs ne seraient pas menacés tant et aussi longtemps que les prix élevés du bois d'oeuvre allaient se maintenir.

M. Garneau anticipe plutôt un repli des prix, étant donné que les mesures protectionnistes américaines feront augmenter l'offre sur le marché canadien.

Sous les attentes

Pour le trimestre clos le 31 mars, Résolu a livré des résultats sous les attentes des analystes, ce qui a fait glisser son action à la Bourse de Toronto, où elle a terminé la séance à 7,36 $, en baisse de 11,96 %, ou 1 $.

L'entreprise a affiché une perte nette de 47 millions $ US, ou 52 cents US par action, par rapport à une perte de 8 millions $ US, ou neuf cents US par action, il y a un an.

De leur côté, les revenus ont été de 872 millions $ US, en baisse de 1 %.

Abstraction faite des éléments non récurrents, Résolu a enregistré une perte nette de 30 millions $ US, ou 33 cents US par action, par rapport à une perte nette de 22 millions $ US, ou 25 cents US par action, lors du premier trimestre l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un profit ajusté par action de huit cents US.